Dix ans après son introduction, le congé jeunesse peine à trouver preneur
10 janvier 2002
Pour la plupart du temps ignoré des 15-30 ans auquel il est destiné, ce droit à une semaine de congé pour s’engager dans un travail bénévole dans le cadre d’organisations de jeunesse, est inscrit dans la loi depuis dix ans
A qui la faute ? A la Confédération qui n’a pas investi de moyens financiers pour promouvoir ce congé, aux milieux associatifs qui ne font pas toujours bien passer le message, aux employeurs qui profitent de l’ignorance générale, ou aux jeunes que l’engagement communautaire n’intéresse que modérément ?Le congé jeunesse a été créé pour encourager les apprentis et les jeunes travailleurs de 15 à 30 ans à s’investir dans des activités communautaires bénévoles pour encadrer les jeunes, - camps de toutes sortes, week-ends de formation, permanences d’aide ou de conseil, aide humanitaire – afin de développer leur sens des responsabilités et de leur donner la possibilité d’apprendre à mener à bien un projet. Il peut se prendre dans le cadre d’activités culturelles, religieuses, sociales ou écologiques très diverses et s’adresse à des jeunes qui s’investissent dans un mouvement scout ou qui s’engagent comme moniteurs dans des camps du WWF, mais aussi à ceux qui militent pour les Droits de l’Homme ou un mouvement qui prône la non-violence, ceux qui accomplissent un travail social avec des enfants ( bus-jeux), auprès des jeunes du Quart-Monde. Il concerne aussi ceux qui désirent suivre une formation au sein de la Croix-Rouge, de l’Alliance suisse des samaritains ou dans le cadre des cours d’éducation active par exemple (CEMEA). L’éventail des possibilités est très large et la liste des associations reconnues pour ce congé jeunesse est fournie.
§Etude bernoise révélatrice Or ce congé est largement ignoré ou sous-utilisé. C’est ce qui ressort d’une étude menée par Thérèse Zimmermann, étudiante en sociologie de l’Université de Berne qui a interrogé systématiquement des jeunes des trois régions linguistiques de la Suisse. Elle souligne que les jeunes Suisses romands sont moins bien informés que les jeunes Alémaniques, de même que les filles en général et les jeunes qui ont suivi la filière primaire seulement.
« Celui qui veut faire une semaine de vacances supplémentaire est mal parti ! » précise d’emblée Pierre-Alain Perren au Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ) qui prône largement ce congé. En fait, explique le jeune responsable du CSAJ, cette semaine est considérée comme un dédommagement pour les activités bénévoles d’un jeune. C’est une reconnaissance de son engagement au service des autres. »
Mais parmi les employeurs, qui connaît vraiment ce congé ? Fritz Blaser, président du Syndicat patronal, le défend officiellement, estimant qu’une telle possibilité permet à des jeunes travailleurs d’acquérir le sens des responsabilités. Et que c’est tout bénéfice pour l’employeur. Mais bien des patrons tombent des nues quand on leur parle de cette possibilité offerte aux jeunes! « Nous avons accordé un certain nombre de congés non payés à des jeunes sportifs d’élite qui nous le demandaient pour participer à un camp d’entraînement du LHC (Lausanne Hockey Club), mais jamais pour un travail avec des jeunes, explique le responsable des ressources humaines chez Bobst à Lausanne. En fait, il ignorait l’existence du congé-jeunesse.
§Jeunes peu concernésDu côté des jeunes, le manque d’intérêt est flagrant. Les associations de jeunesse, qui pourraient les informer sur ce droit, les intéressent peu. Ils préfèrent s’éclater en solo ou avec les copains ou encore dans un club de sport plutôt que s’investir dans un travail avec les jeunes.
Actuellement, les organisations qui branchent les jeunes font dans l’humanitaire, l’écologie, les rencontres et les concerts alternatifs. Nouvelle Planète-Jeunes sans Frontières, International Culture Youth Exchange, et certains centres de loisirs comme le Centre Ebullition à Bulle qui organise des concerts, ont le vent en poupe. Mais leurs membres n’ont pas recours au congé-jeunesse.
C’est dans le milieu scout qu’on trouve des jeunes qui connaissent le congé et qui l’ont pris. Responsable des louveteaux du Sacré-Cœur à Lausanne, Samuel Yerly travaille dans une fiduciaire. Il a sollicité un congé jeunesse une première fois il y a deux ans pour animer un camp d’été avec des jeunes de 7 à 11 ans. Qui lui a été en partie accordé. L’année passée, il a remis ça et obtenu cette fois-ci une vraie semaine supplémentaire de vacances.
Demande difficile à faire
Pour avoir travaillé dans le bâtiment, Pierre-Alain Chervet, diacre et animateur de jeunesse à Sugiez, sait qu’il est difficile à un apprenti de demander un congé, quels qu’en soient les motifs invoqués. « Même s’ils savent qu’ils ont des droits, les apprentis n’osent pas les faire valoir. Ils cherchent avant tout à développer une bonne relation avec leur patron. Certains employeurs profitent d’ailleurs de cette situation. »
En clair, le congé jeunesse ne fonctionne pas vraiment et devrait faire l’objet d’une campagne très ciblée de l’Office fédéral de la Culture en charge du des questions de la jeunesse, auprès des jeunes mais aussi des employeurs.
§Etude bernoise révélatrice Or ce congé est largement ignoré ou sous-utilisé. C’est ce qui ressort d’une étude menée par Thérèse Zimmermann, étudiante en sociologie de l’Université de Berne qui a interrogé systématiquement des jeunes des trois régions linguistiques de la Suisse. Elle souligne que les jeunes Suisses romands sont moins bien informés que les jeunes Alémaniques, de même que les filles en général et les jeunes qui ont suivi la filière primaire seulement.
« Celui qui veut faire une semaine de vacances supplémentaire est mal parti ! » précise d’emblée Pierre-Alain Perren au Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ) qui prône largement ce congé. En fait, explique le jeune responsable du CSAJ, cette semaine est considérée comme un dédommagement pour les activités bénévoles d’un jeune. C’est une reconnaissance de son engagement au service des autres. »
Mais parmi les employeurs, qui connaît vraiment ce congé ? Fritz Blaser, président du Syndicat patronal, le défend officiellement, estimant qu’une telle possibilité permet à des jeunes travailleurs d’acquérir le sens des responsabilités. Et que c’est tout bénéfice pour l’employeur. Mais bien des patrons tombent des nues quand on leur parle de cette possibilité offerte aux jeunes! « Nous avons accordé un certain nombre de congés non payés à des jeunes sportifs d’élite qui nous le demandaient pour participer à un camp d’entraînement du LHC (Lausanne Hockey Club), mais jamais pour un travail avec des jeunes, explique le responsable des ressources humaines chez Bobst à Lausanne. En fait, il ignorait l’existence du congé-jeunesse.
§Jeunes peu concernésDu côté des jeunes, le manque d’intérêt est flagrant. Les associations de jeunesse, qui pourraient les informer sur ce droit, les intéressent peu. Ils préfèrent s’éclater en solo ou avec les copains ou encore dans un club de sport plutôt que s’investir dans un travail avec les jeunes.
Actuellement, les organisations qui branchent les jeunes font dans l’humanitaire, l’écologie, les rencontres et les concerts alternatifs. Nouvelle Planète-Jeunes sans Frontières, International Culture Youth Exchange, et certains centres de loisirs comme le Centre Ebullition à Bulle qui organise des concerts, ont le vent en poupe. Mais leurs membres n’ont pas recours au congé-jeunesse.
C’est dans le milieu scout qu’on trouve des jeunes qui connaissent le congé et qui l’ont pris. Responsable des louveteaux du Sacré-Cœur à Lausanne, Samuel Yerly travaille dans une fiduciaire. Il a sollicité un congé jeunesse une première fois il y a deux ans pour animer un camp d’été avec des jeunes de 7 à 11 ans. Qui lui a été en partie accordé. L’année passée, il a remis ça et obtenu cette fois-ci une vraie semaine supplémentaire de vacances.
Demande difficile à faire
Pour avoir travaillé dans le bâtiment, Pierre-Alain Chervet, diacre et animateur de jeunesse à Sugiez, sait qu’il est difficile à un apprenti de demander un congé, quels qu’en soient les motifs invoqués. « Même s’ils savent qu’ils ont des droits, les apprentis n’osent pas les faire valoir. Ils cherchent avant tout à développer une bonne relation avec leur patron. Certains employeurs profitent d’ailleurs de cette situation. »
En clair, le congé jeunesse ne fonctionne pas vraiment et devrait faire l’objet d’une campagne très ciblée de l’Office fédéral de la Culture en charge du des questions de la jeunesse, auprès des jeunes mais aussi des employeurs.