Quels liens entre religion et politique?

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Quels liens entre religion et politique?

12 septembre 2014
(ES avec EPD/Protestinter) «Faut-il ou non livrer des armes à l’opposition kurde dans le nord de l’Irak, afin qu’ils se défendent contre les terroristes de l’Etat islamique?»
Photo: Norbert Lammert CC(by-sa)Stephan Röhl

C’est l’exemple que Norbert Lammert, président du Bundestag, a utilisé pour s’adresser aux représentants des Eglises allemandes lors du congrès œcuménique «Mission Respekt» qui s’est déroulé les 27 et 28 août derniers à Berlin. «Une réponse rhétorique ne peut pas suffire», a insisté le président de l’assemblée.

Très conscient qu’il «n’existe pas de réponses simples à des états de fait complexes», Norbert Lammert pose clairement la question du rapport entre religion et politique: quelle part doivent ou non prendre les Eglises (les religions) dans la vie politique? Pour lui, il est urgent de chercher «comment éviter l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. C’est un chantier gigantesque» reconnaît-il, «mais une responsabilité qui nous incombe.»

Le président de l’Eglise protestante allemande (EKD) Nikolaus Schneider, a salué les déclarations de Norbert Lammert et a souligné que: «dans un monde complexe, on ne peut pas bricoler avec des réponses simples. Nous devons apprendre que nous vivons avec des empreintes culturelles et religieuses diverses. La religion est d’une importance capitale pour la dignité des personnes».

Le prélat catholique Karl Jüsten, qui représentait Reinhart Marx, président de la conférence épiscopale allemande (DBK), s’est prononcé dans le même sens. Il renvoie l’une à l’autre action politique et voix des Eglises: «nous sommes entendus par tous les partis», souligne-t-il. Il a rappelé à ce propos la prise de position de la DBK sur la lutte contre les terroristes de l’Etat islamique. Les évêques n’excluent pas les livraisons d’armes aux Kurdes en Irak du nord.

Le secrétaire d’Etat au ministère du Développement Thomas Silberhorn en a profité pour insister sur l’importance que revêt à ses yeux la collaboration avec les Eglises pour tout ce qui concerne l’aide au développement: «beaucoup de conflits ne peuvent pas être compris, si l’on n’arrive pas à en saisir les rapports à la religion et à la foi», disait-il; «justement, les Eglises sont en cela particulièrement proches des gens, et ainsi, on veut renforcer la collaboration avec les Eglises».

A l’origine de ce congrès, un document élaboré en 2011. Œcuménique s’il en est puisque ce texte, à l’origine des discussions de ces deux journées, a été publié conjointement par le Conseil Œcuménique des Eglises (COE), l’Alliance évangélique mondiale (AEM) et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Il avait été présenté le 28 juin 2011 à Genève.

«Le texte “le témoignage chrétien dans un monde multireligieux” a trouvé une attention réjouissante en Allemagne, nous menons ce processus de réception en avant!», affiche la bannière du site qui lui est consacré. Les 27 et 28 août derniers donc, une vingtaine d’organisations missionnaires, caritatives, religieuses, se sont réunies avec les Eglises nationales, à l’invitation des deux grandes organisations protestante et catholique engagées en Allemagne dans le missionnariat et la coopération œcuménique: Eglises et Missions en Allemagne (EMW) et Mission catholique internationale (Missio e.V.).

Au centre des débats, se trouvait l’importance de la mission chrétienne ainsi que la question de savoir comment les chrétiens peuvent se réclamer de leur foi dans une société pluraliste et multi religieuse. La question de l’envoi en mission dans les pays où c’est interdit devrait être aussi être discutée.

Le congrès a rassemblé autour de 250 participants, mais rien n’est terminé, puisqu’un groupe œcuménique réunissant les représentants des Eglises nationales s’est formé. Il a pour tâche de présenter un éclairage commun sur la base du document «le témoignage chrétien dans un monde multireligieux» à l’horizon du 500e anniversaire de la Réforme. Nikolaus Schneider, l’actuel président de l’EKD, est aussi le président du comité «Luther 2017-500e anniversaire de la Réforme», dont les «Perspectives pour le jubilé 2017 de la Réforme» sont consultables sur internet.

L'Eglise protestante allemande
L’EKD, l’Eglise protestante d’Allemagne regroupe vingt Eglises autonomes, dont deux de tradition calviniste, neuf de tradition luthérienne, et neuf Eglises unies (qui regroupent les deux traditions). Elle a été fondée en 1945 et son organisation actuelle, fédérale sur tous les plans, date de 1948. L’actuel président Nikolaus Schneider, qui quittera son poste en novembre 2014, sera remplacé par Manfred Rekowski, charge à laquelle il se prépare déjà depuis un an.Eglises et Missions en Allemagne
Eglises et Missions en Allemagne regroupe déjà en plus de l’Eglise Evangélique d’Allemagne (EKD) douze sociétés missionnaires, cinq associations, cinq Eglises libres.Missionrespekt
Le texte mis en débat peut être téléchargé en allemand ou en anglais