Les professionnels constatent un déficit dans la proclamation numérique

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Les professionnels constatent un déficit dans la proclamation numérique

19 novembre 2014
Le synode de l’Eglise réformée allemande se penche sur la question des nouveaux médias

Photo: CC(by-nc-sa) Tom Raftery

(EPD/Protestinter) Un regard sur la transmission de la foi via les nouveaux médias a permis aux spécialistes de noter un déficit des églises en ce domaine. «Il est essentiel de prendre conscience du fait que la participation à la construction de la société numérique est peu établie dans nos Eglises», a déclaré le surintendant Emdener Detlef Klahr la semaine passée à Dresde lors de la réunion du Synode de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD). Il faudrait s’impliquer dans ce processus. Selon l’estimation du théologien Christian Grethlein de Munich, si le protestantisme est théologiquement bien outillé pour cette nouvelle situation, il ne l’est pas sur le plan organisationnel.

Lors de sa réunion annuelle, le synode de l’EKD s’est consacré principalement à question de la «la communication de l’Evangile dans la société numérique». Le débat a mis l’accent sur la façon dont les communautés et les organisations peuvent tirer parti des possibilités offertes par les nouveaux médias tels que Facebook, Twitter ou WhatsApp. Il a été clairement dit que la communication de l’Evangile était «une de nos tâches les plus fondamentales». Et que l’Eglise devrait «chercher d’autres voies pour le langage religieux».

Dans beaucoup d’espaces numériques, le religieux n’est pas mis en avant. Nommé à la présidence d’un comité de préparation, le surintendant Emdener Detlef Klahr a présenté un document de travail sur lequel le synode doit se prononcer. Y sont présentés les contours des changements culturels à effectuer en trois étapes, changements «grâce auxquels la forme de communication de l’Evangile devrait l’emporter».

Les points essentiels sur lesquels devrait porter la discussion avaient été préalablement mis sur le site evangelisch.de, et c’est le résultat de tout cela qui doit alimenter les discussions. Les résultats finaux seront adoptés cette semaine.

D’après l’analyse de Christian Grethlein, les nouveaux médias sont en train de changer le concept traditionnel de l’Eglise. La digitalisation de la société renforce l’importance des individus au détriment des formes sociales identifiées aujourd’hui en tant qu’«Eglise» ou «communauté».

Toutefois, la notion d’Eglise englobe plus que ce qu’on a sous les yeux comme communauté, Eglise régionale ou même l’EKD, souligne l’académicien. Sur le web, de nouvelles formes de communication de l’Evangile ont émergé. Notamment le terme d’autorité est remplacé par celui d’authenticité. Ce qui serait décisif pour assurer une large réception ne serait pas tant la cohérence doctrinale, mais le «service de l’humanité.»

Le théologien a rappelé que d‘un point de vue d’Eglise, il était important avant tout de noter que la digitalisation reflétait «une tendance à l’accélération et à la sollicitation continue», alors que la relation à Dieu avait besoin de calme et de concentration. Christian Grethlein a rappelé alors une proposition du publiciste américain William Powers, qui avait proposé un «sabbat d’internet» (une abstinence de réseau) du vendredi soir jusqu’au lundi matin, dans son best-seller «Hamlet’s BlackBerry» paru en allemand en 2011 sous le titre «Einfach abschalten».

Gesche Joost, nommée ambassadrice d’Internet au gouvernement fédéral allemand, a renvoyé le synode de l’EKD à la «fracture numérique» qui existe dans la société. Celle-ci concerne non seulement les limites d’âge, mais aussi les barrières sociales. Elle préconise de ne pas s’adresser seulement à une élite du numérique, mais de trouver des accès en incluant des jeunes, au travers de nouveaux formats.

La chercheuse Caja Thimm, professeure à l’Université de Bonn, et théoricienne des médias, a précisé que le processus de médiatisation était à la fois urgent et irrépressible: «nous ne pouvons rien faire contre cela, mais beaucoup de choses pour. Toutes les grandes églises sont sur le Net, et offrent des voies différentes», a-t-elle expliqué. Cependant, les réseaux sociaux comme Facebook ont leurs propres règles et leur culture propre, que beaucoup d’entre elles ne comprennent pas encore. «L’Eglise doit comprendre la culture des réseaux sociaux», a conclut la chercheuse.

Cet article a été publié sur:

Le site internet de La Liberté, le 19 novembre 2014.