L’Eglise allemande accusée d’abuser du refuge dans les édifices religieux

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L’Eglise allemande accusée d’abuser du refuge dans les édifices religieux

Daniel Staffen
24 octobre 2014
Le recours croissant à l’asile dans les églises d’Allemagne provoque des critiques de la part de l’autorité fédérale de surveillance des demandes d’asile.

Le recours croissant à l’asile dans les églises d’Allemagne provoque des critiques de la part de l’autorité fédérale de surveillance des demandes d’asile.

Photo: Anneau du droit d'asile sur une porte de la Cathédrale Notre-Dame de Paris CC(by-sa) Myrabella

et Jutta Olschewski (EPD/Protestinter)

Manfred Schmidt, président du Bundesamtes für Migration und Flüchtlinge (BAMF) déclare que l’asile religieux n’est en règle générale pas remis en question. Cependant, il y a des cas où il doute que les Eglises aient eu recours à cet outil de façon «responsable», a-t-il déclaré à l’agence de presse protestante allemande (EPD). Membre du Conseil de l’Eglise luthérienne de Bavière, Michael Martin s’en est défendu: «Le sanctuaire est toujours un dernier recours face à certaines décisions.»

Pour le président du BAMF, pourtant, dans de nombreux cas, les églises sont utilisées comme lieux d’asile non pas pour défendre des cas individuels, mais pour remettre en cause les accords de Dublin de manière générale. Ceux-ci prévoient que les demandeurs d’asile peuvent déposer leur demande dans le premier pays de l’espace Schengen dans lequel il rentre. Le recours à l’asile dans une Eglise est ainsi souvent utilisé pour contourner ce règlement. Le BAMF prévoit ainsi de renforcer les règlements d’application, par exemple en faisant passer la période durant laquelle l’Etat transfère les demandeurs d’asile au premier pays traversé de six à dix-huit mois.

Le nouveau coordinateur pour les questions concernant les réfugiés de l’Eglise de Bavière, Stephan Theo Reichel, regrette le projet du BAMF d’augmenter les obstacles. Il s’agit pour lui d’un «truc» de l’autorité. Il préférerait «se réunir pour discuter des questions de l’intégration des réfugiés» avec la représentation de l’Office fédéral à Nuremberg. Il a également souligné que l’asile dans les églises doit toujours être la dernière option pour la protection des réfugiés. Son travail est de clarifier avec les communautés quand les asiles en église sont appropriés.

Mais Manfred Schmidt demande si les communautés religieuses sont toujours bien informées des situations d’asile qu’elles abritent. «Par le passé, des personnes se sont réfugiées à l’église pour ne pas être renvoyées vers l’Iran. Aujourd’hui, il y a des cas de personne qui sont dans des églises seulement pour ne pas être renvoyée vers l’Autriche. Il serait nécessaire de se demander si les fidèles sont vraiment en faveur de tels asiles.»

Michael Martin justifie le cas d’évitement du transfert vers l’Autriche par le fait que ce pays renvoie des femmes enceintes vers l’Iran ce que ne fait pas l’Allemagne. Michael Martin plaide pour que la tradition du sanctuaire ne soit pas instrumentalisée politiquement. «Le débat doit avoir lieu ailleurs»

300 réfugiés

Selon le réseau œcuménique national «asile dans l’Eglise» Il y aurait actuellement environ 300 personnes dans 180 communautés réfugiées dans les églises allemandes. Plus tôt cette année, il n’y en avait que dans 34 paroisses. Manfred Schmidt, directeur du BAMF parle même de 500 personnes. Deux tiers des personnes touchées seraient concernés par le règlement de Dublin.

Le sanctuaire n’a aucune validité juridique. Néanmoins, il est devenu une pratique courante en Allemagne. Les réfugiés vivent temporairement dans les locaux de l’Eglise pour échapper à la déportation. La police respecte généralement les espaces religieux et n’entre pas par effraction.