Une association athée appelle à rester assis durant le Serment d’allégeance

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Une association athée appelle à rester assis durant le Serment d’allégeance

15 septembre 2014
Un groupe humaniste considère que la référence à Dieu ajoutée dans les années 1950 dans le serment prononcé par les Américains est discriminatoire et qu’il associe le fait d’être un bon patriote au fait d’être croyant. Une campagne demande le retour au texte de 1892.

Photo: Prestation d'allégeance dans une école de New York, 1943, Marjory Collins via Library of Congress

Par Adelle M. Banks, RNS/Protestinter

«Assis et en silence!» C’est le slogan d’une campagne lancée lundi passé, le 8 septembre, par l’Association humaniste américaine (AHA). Cette campagne invite les Américains à s’abstenir de se lever et de réciter le Serment d’allégeance au drapeau jusqu’à ce que le Congrès y retire toute référence à Dieu. «Je jure allégeance au drapeau des Etats-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation unie sous l’autorité de Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous», promettent en effet les Américains à de multiples occasions que ce soit à l’école ou au début des séances politiques.

Les 29’000 membres du groupe humaniste militant, qui se bat au nom du premier Amendement, considèrent que la phrase «sous l’autorité de Dieu» établit une religion d’Etat de façon inconstitutionnelle.

«Jusqu’à ce que le serment soit rétabli dans une version inclusive, nous pouvons prendre sur nous de refuser de participer à un exercice discriminatoire», peut-on lire sur le site de la campagne. «Ne dites pas le serment». Il décrit également le serment actuel comme «tordu par le langage de la religion qui sous-entend que les vrais patriotes doivent être croyants.»

En complément du site web, la campagne se compose de vidéo YouTube et de publicités sur les bus de Washington DC et de la ville de New York. Sur le site web, les internautes peuvent trouver un guide pour les parents ainsi qu’un espace où ceux qui auraient subi des discriminations ou des intimidations pour avoir refusé de prononcer le serment peuvent demander l’aide de l’association.

«Nous avons le sentiment que plus vous éduquez la population au sujet du serment, plus les gens réalisent qu’y ajouter “sous l’autorité de Dieu” dans les années 1950 n’était pas une bonne idée et que retirer cet élément serait une bonne idée», explique Roy Speckhardt, directeur opérationnel du groupe humaniste.

En effet, la référence à Dieu ne faisait pas partie du serment écrit par le ministre Francis Bellamy en 1892. Cet élément a été ajouté par le Congrès en 1954, durant le maccarthysme par crainte de la «menace rouge», avec comme objectif d’écarter les «communistes sans dieu»

La campagne de AHA se base sur l’idée que la plupart des Américains ne savent pas que le serment a été altéré et que, s’ils le savaient, ils seraient favorables à ce qu’il soit restauré à sa forme originale. Selon un sondage réalisé en mai, 34% des Américains soutiennent le retrait de la référence à Dieu quand on leur dit qu’elle n’est pas dans le texte d’origine. Ce chiffre atteint même les 62% parmi les personnes qui s’identifient comme athées, mais ne dépasse pas les 21% parmi les chrétiens.

«Je pense qu’il y a une masse critique de gens, particulièrement les jeunes, qui sont favorables au retrait de “sous l’autorité de Dieu”», déclare Roy Speckhardt. «Nous leur tendons la main et leur disons “restez assis durant le serment jusqu’à ce qu’ils le rétablissent!”»

Les chrétiens sont moins enthousiastes. «Comme chrétiens, j’aurais des réserves sérieuses, très sérieuses même, quant à promettre allégeance à une nation qui ne se place pas sous l’autorité de Dieu», écrit Lee Duigon dans son blog.

En 2013, un sondage de LifeWay Research, une organisation affiliée à la Convention baptiste du Sud, montrait que seulement 8% des Américains étaient favorables à la mention «sous l’autorité de Dieu.»

Sur Twitter, les messages portant le hashtag #undergod, le hashtag proposé par la campagne «Ne dites pas le serment», sont largement favorables au retrait de la référence à Dieu, même si certains twitts étaient très critiques à ce sujet.

«Pourquoi les gens ne disent-ils pas simplement ce qu’ils veulent au lieu de les forcer à dire ce que nous ne voulons pas», réagit une internaute qui se présente comme une maman de l’Ohio. «Je dis sous l’autorité de Dieu, dites ce que vous voulez.»

Auparavant, AHA a également agit devant les tribunaux. En mai, l’association a perdu un procès dans le Massachusetts où elle demandait que l’Etat bannisse le serment des écoles, en raison de son caractère discriminatoire vis à vis des non-croyants. La Cour de l’état avait considéré que réciter le serment étant entièrement facultatif, sa proclamation quotidienne dans les écoles publiques n’était pas discriminatoire. Un cas similaire a été déposé dans le New Jersey.

«Au travers de la prestation de serment quotidienne, nos écoles publiques associent le patriotisme à la foi en Dieu et stigmatisent les enfants athées ou humanistes», avance David Niose, directeur juridique du centre juridique humaniste Appignani de l’AHA. «Cela contrevient au principe d’égalité et de non-discrimination. C’est pour cela que nous demandons aux tribunaux du New Jersey de retirer le “sous l’autorité de Dieu”»