Messages d'ici pour le temps de Noël :Une lumière dans la nuit
21 décembre 2001
Après les événements tragiques de ces derniers mois, plus rien n’est comme avant
Chacun s’est (re)découvert terriblement vulnérable et s’est senti le besoin de chercher des repères. Mais quels repères au juste ? La division simpliste du monde entre bons et méchants façon Bush, si elle peut rassurer, est un leurre qui ne trompe personne. Petit tour d’horizon des messages que les passeurs de mots et de sens ont à cœur de délivrer à Noël, qui n’est pas la fête des cadeaux comme veulent le croire les enfants gâtés, mais une lumière dans la nuit. «Ca a commencé en pleine nuit. Pas une petite nuit de rien du tout, juste douze heures d’obscurité et hop le jour revient ! C’était une vraie sale nuit, à ne plus rien croire. Comme maintenant, quand on ne peut plus rien comprendre au monde, quand on ne peut plus entendre les mots globalisation, profits, chômage, attentats, guerre ; une sale nuit qui fait qu’on a envie d’éteindre la télé, de couper la radio et de jeter le journal ».
C’est par une nuit désespérément opaque que débute le récit de Noël revu par Hélène Küng, aumônier au Centre d’enregistrement des requérants d’asile, pour la célébration de la nuit du 24 décembre qu’elle conduira ce soir à Romainmôtier. Selon la pasteure, il y a des bergers, des gens comme vous et moi, qui ne baissent pas les bras et entrevoient de façon fulgurante que la nuit n’aura pas le dernier mot. Une lumière, un moment de joie inattendus les ont éblouis, qui vont les habiter et leur dire que « Quelqu’un est là, à la croisée de la tendresse et du manque, de la fatigue et de l’espoir, qui a fait de notre nuit son affaire. »
§La galère des gens de la rueLa nuit noire, c’est souvent ce que vivent les gens avec lesquels Jan de Haas chemine avec la Pastorale des rues à Lausanne. Et Noël plus que jamais est une période dure et agressive avec son opulence provocante. « Vivement le 15 janvier, s’exclame Jan de Haas, parce que ces jours-ci c’est la galère pour les gens de la rue. Pour eux, pas de cadeaux en perspective, pas de famille réunie mais beaucoup de souffrance, d’agressivité et des gens qui se défoncent pour échapper à leur désespoir et leur solitude. Pas question donc pour le pasteur de sortir les discours de circonstance lors de la célébration de la nuit de Noël à la chapelle de la Maladière. On y priera pour ceux, qui comme l’enfant Jésus, sont nés dans la misère et le dénuement, abandonnés, seuls, pour ceux qui, comme les bergers, ne comprennent pas ce qui leur arrive, ceux qui ont peur et se cachent, pour ceux enfin qui ne croient pas au langage des armes, à la force brute et au pouvoir aveugle. »
Dans les différents offices de Noël qu’il célèbrera, l’abbé Michel Genoud à Rolle évoquera l’accueil que chacun réserve à Dieu, qui laisse l’homme libre de ses choix. Il rappellera que « Dieu n’est pas interventionniste, qu’il se coule dans les événements sans les modifier, même quand il s’agit de son propre Fils. » Noël est l’occasion de redire l’amour qui nous est témoigné et de rappeler que la foi, c’est-à-dire la confiance en cet amour, est plus forte que tout ce qui pourrait nous écraser.
§Jésus, pas la propriété de quelques-unsA Nyon, le pasteur André Jolly a choisi de raconter l’histoire du petit Jésus volé par un petit musulman. Pour l’offrir à un de ses amis, leucémique. Les paroissiens paniquent estimant que l’on a gâché leur fête. Jusqu’à ce qu’ils comprennent que Jésus n’est pas la propriété de la tradition chrétienne mais qu’il appartient au monde entier. Ce conte s’appuie sur les convictions théologique d’André Jolly: « Le Christ permet d’ouvrir les yeux sur le monde et de voir qu’il se trouve aussi ailleurs que dans le confort de nos églises, dans les brûlures et les souffrances d’un monde déchiré. Dieu nous ouvre les yeux pour accueillir l’inattendu qui peut prendre la forme d’un enfant musulman. »
Ouvrir les yeux, les lever aussi vers la lumière. Emmanuel Roland, pasteur de la paroisse genevoise de Servette-Vieusseux : « L’idée sera que les rêveurs et les fous voient des étoiles que certains politiques et autres hommes importants n’aperçoivent pas. » L’idée, aussi, que les rois mages se mettent en route, apportant ce qu’ils possèdent de meilleur. « On peut suivre l’étoile, et en le faisant, donner ce que l’on a de plus précieux. Et c’est alors que la lumière brille autour de nous. »
Certes, reconnaît Emmanuel Roland, l’histoire est pleine d’obscurité mais il y a toujours des étoiles quelque part. « En levant le regard, on est toujours dans la nuit mais en même temps on se sent aspiré par quelque chose qui nous élève, qui nous porte un peu plus loin. Cela fait sortir le meilleur de nous-même et finalement, les ténèbres reculent. »
Nicole Métral/Pierre Léderrey
C’est par une nuit désespérément opaque que débute le récit de Noël revu par Hélène Küng, aumônier au Centre d’enregistrement des requérants d’asile, pour la célébration de la nuit du 24 décembre qu’elle conduira ce soir à Romainmôtier. Selon la pasteure, il y a des bergers, des gens comme vous et moi, qui ne baissent pas les bras et entrevoient de façon fulgurante que la nuit n’aura pas le dernier mot. Une lumière, un moment de joie inattendus les ont éblouis, qui vont les habiter et leur dire que « Quelqu’un est là, à la croisée de la tendresse et du manque, de la fatigue et de l’espoir, qui a fait de notre nuit son affaire. »
§La galère des gens de la rueLa nuit noire, c’est souvent ce que vivent les gens avec lesquels Jan de Haas chemine avec la Pastorale des rues à Lausanne. Et Noël plus que jamais est une période dure et agressive avec son opulence provocante. « Vivement le 15 janvier, s’exclame Jan de Haas, parce que ces jours-ci c’est la galère pour les gens de la rue. Pour eux, pas de cadeaux en perspective, pas de famille réunie mais beaucoup de souffrance, d’agressivité et des gens qui se défoncent pour échapper à leur désespoir et leur solitude. Pas question donc pour le pasteur de sortir les discours de circonstance lors de la célébration de la nuit de Noël à la chapelle de la Maladière. On y priera pour ceux, qui comme l’enfant Jésus, sont nés dans la misère et le dénuement, abandonnés, seuls, pour ceux qui, comme les bergers, ne comprennent pas ce qui leur arrive, ceux qui ont peur et se cachent, pour ceux enfin qui ne croient pas au langage des armes, à la force brute et au pouvoir aveugle. »
Dans les différents offices de Noël qu’il célèbrera, l’abbé Michel Genoud à Rolle évoquera l’accueil que chacun réserve à Dieu, qui laisse l’homme libre de ses choix. Il rappellera que « Dieu n’est pas interventionniste, qu’il se coule dans les événements sans les modifier, même quand il s’agit de son propre Fils. » Noël est l’occasion de redire l’amour qui nous est témoigné et de rappeler que la foi, c’est-à-dire la confiance en cet amour, est plus forte que tout ce qui pourrait nous écraser.
§Jésus, pas la propriété de quelques-unsA Nyon, le pasteur André Jolly a choisi de raconter l’histoire du petit Jésus volé par un petit musulman. Pour l’offrir à un de ses amis, leucémique. Les paroissiens paniquent estimant que l’on a gâché leur fête. Jusqu’à ce qu’ils comprennent que Jésus n’est pas la propriété de la tradition chrétienne mais qu’il appartient au monde entier. Ce conte s’appuie sur les convictions théologique d’André Jolly: « Le Christ permet d’ouvrir les yeux sur le monde et de voir qu’il se trouve aussi ailleurs que dans le confort de nos églises, dans les brûlures et les souffrances d’un monde déchiré. Dieu nous ouvre les yeux pour accueillir l’inattendu qui peut prendre la forme d’un enfant musulman. »
Ouvrir les yeux, les lever aussi vers la lumière. Emmanuel Roland, pasteur de la paroisse genevoise de Servette-Vieusseux : « L’idée sera que les rêveurs et les fous voient des étoiles que certains politiques et autres hommes importants n’aperçoivent pas. » L’idée, aussi, que les rois mages se mettent en route, apportant ce qu’ils possèdent de meilleur. « On peut suivre l’étoile, et en le faisant, donner ce que l’on a de plus précieux. Et c’est alors que la lumière brille autour de nous. »
Certes, reconnaît Emmanuel Roland, l’histoire est pleine d’obscurité mais il y a toujours des étoiles quelque part. « En levant le regard, on est toujours dans la nuit mais en même temps on se sent aspiré par quelque chose qui nous élève, qui nous porte un peu plus loin. Cela fait sortir le meilleur de nous-même et finalement, les ténèbres reculent. »
Nicole Métral/Pierre Léderrey