Genève: une Palestinienne et des Israéliennes luttent côte à côte pour la paix
24 janvier 2001
Militante du Jerusalem Link, un mouvement de femmes réunissant Israéliennes et Palestiniennes, la Palestinienne Amneh Badran prône la double souveraineté sur Jérusalem qui deviendrait la capitale de l'Etat israélien et de l'Etat palestinien
Elle mène aussi des actions de terrain, parfois dangereuses. Rencontre lors de son passage hier à l'Institut universitaire d'études du développement (IUED), dans le cadre d'un colloque sur le rôle des femmes dans les conflits armés. §Amneh Badran, quelle a été votre dernière action dans les territoires palestiniens en rébellion contre Israël?J'ai accompagné des Israéliennes qui ont été témoigner leur solidarité à la population. Nous avons visité des hôpitaux et des villages bombardés, et sommes allées rendre hommage à des familles ayant perdu un des leurs au combat. Pendant ce temps, d'autres femmes israéliennes se sont jointes aux fermiers palestiniens pour le ramassage des récoltes, car ces derniers, depuis le début de l'Intifada, sont pris pour cibles par des colons israéliens des champs limitrophes saisis par l'angoisse sécuritaire.
§Comment ces femmes israéliennes sont-elles accueillies dans les territoires occupés?Leur geste de solidarité est en général apprécié. Bien sûr, elles sont accompagnées par des femmes palestiniennes et n'arrivent pas à l'improviste. Les gens des territoires occupés sont avisés de leur venue. Il serait inconcevable d'y aller seules.
§Le Jérusalem Link auquel vous appartenez - et qui compte en son sein des adhérentes israéliennes - milite depuis 1991 pour le droit des Palestiniens à disposer d'un Etat ayant Jérusalem comme capitale. N'est-ce pas dangereux de défendre de telles positions?Des militantes israéliennes ont reçu des menaces de mort après une manifestation où nous avons demandé que Jérusalem devienne la capitale de l'Etat palestinien et de l'Etat israélien. Nous sommes constamment accusées de compromissions. Les militantes israéliennes de notre mouvement se voient reprocher par leurs compatriotes d'abandonner les lieux saints de Jérusalem, tandis que nous autres, palestiniennes, sommes accusés de vouloir "normaliser l'occupation".
§Y a-t-il des points sur lesquels vous n'arrivez pas à vous entendre avec vos collègues israéliennes?Le problème des réfugiés reste une pomme de discorde. Nos collègues israéliennes ne tiennent pas compte de la souffrances des réfugiés qui habitent depuis 50 ans dans des camps, soit depuis la guerre israélo-arabe de 1948. Elles craignent que si on autorise les réfugiés à rentrer chez eux, l'équilibre démographique d'Israël bascule par trop en faveur de la population arabe. Quant à nous, nous sommes favorables au droit des réfugiés à rentrer dans leur village d'origine, même si celui ci est situé en territoire israélien. Dans ce cas, les nouveaux arrivants obtiendraient le statut de citoyens palestiniens résidant en Israël.
§Quel est l'impact de votre action qui a commencé au début des années 1990?A mon avis, nous ne sommes pas étrangères à l'évolution des mentalités. On nous prenait pour des folles en 1997 quand nous avons proposé que Jérusalem devienne la capitale de deux Etats, l'un israélien, l'autre palestinien. Aujourd'hui, on voit que cette question est à l'ordre du jour dans le cadre des négociations du processus du paix. Nous avons contribué à lancer le dialogue sur des thèmes auxquels les Israéliens étaient totalement allergiques, comme celui de la souveraineté partagée sur Jérusalem ou de la restitution des territoires occupés.
§Craignez-vous le possible retour au pouvoir d'Ariel Sharon lors des prochaines élections?Franchement, cela peut difficilement être pire que le gouvernement travailliste de Barak qui manipule l'opinion publique en faisant semblant de prendre en compte la cause palestinienne. Avec Sharon, l'avantage est que son programme est connu de tous. Cela obligera les forces progressistes à se réorganiser et à lutter plus ouvertement, avec davantage de pugnacité et de courage, pour l'instauration d'une paix juste.
§Propos recueillis par Jacques-Olivier Pidoux§
§Comment ces femmes israéliennes sont-elles accueillies dans les territoires occupés?Leur geste de solidarité est en général apprécié. Bien sûr, elles sont accompagnées par des femmes palestiniennes et n'arrivent pas à l'improviste. Les gens des territoires occupés sont avisés de leur venue. Il serait inconcevable d'y aller seules.
§Le Jérusalem Link auquel vous appartenez - et qui compte en son sein des adhérentes israéliennes - milite depuis 1991 pour le droit des Palestiniens à disposer d'un Etat ayant Jérusalem comme capitale. N'est-ce pas dangereux de défendre de telles positions?Des militantes israéliennes ont reçu des menaces de mort après une manifestation où nous avons demandé que Jérusalem devienne la capitale de l'Etat palestinien et de l'Etat israélien. Nous sommes constamment accusées de compromissions. Les militantes israéliennes de notre mouvement se voient reprocher par leurs compatriotes d'abandonner les lieux saints de Jérusalem, tandis que nous autres, palestiniennes, sommes accusés de vouloir "normaliser l'occupation".
§Y a-t-il des points sur lesquels vous n'arrivez pas à vous entendre avec vos collègues israéliennes?Le problème des réfugiés reste une pomme de discorde. Nos collègues israéliennes ne tiennent pas compte de la souffrances des réfugiés qui habitent depuis 50 ans dans des camps, soit depuis la guerre israélo-arabe de 1948. Elles craignent que si on autorise les réfugiés à rentrer chez eux, l'équilibre démographique d'Israël bascule par trop en faveur de la population arabe. Quant à nous, nous sommes favorables au droit des réfugiés à rentrer dans leur village d'origine, même si celui ci est situé en territoire israélien. Dans ce cas, les nouveaux arrivants obtiendraient le statut de citoyens palestiniens résidant en Israël.
§Quel est l'impact de votre action qui a commencé au début des années 1990?A mon avis, nous ne sommes pas étrangères à l'évolution des mentalités. On nous prenait pour des folles en 1997 quand nous avons proposé que Jérusalem devienne la capitale de deux Etats, l'un israélien, l'autre palestinien. Aujourd'hui, on voit que cette question est à l'ordre du jour dans le cadre des négociations du processus du paix. Nous avons contribué à lancer le dialogue sur des thèmes auxquels les Israéliens étaient totalement allergiques, comme celui de la souveraineté partagée sur Jérusalem ou de la restitution des territoires occupés.
§Craignez-vous le possible retour au pouvoir d'Ariel Sharon lors des prochaines élections?Franchement, cela peut difficilement être pire que le gouvernement travailliste de Barak qui manipule l'opinion publique en faisant semblant de prendre en compte la cause palestinienne. Avec Sharon, l'avantage est que son programme est connu de tous. Cela obligera les forces progressistes à se réorganiser et à lutter plus ouvertement, avec davantage de pugnacité et de courage, pour l'instauration d'une paix juste.
§Propos recueillis par Jacques-Olivier Pidoux§