Bientôt au Théâtre de Beausobre à Morges,Dieudonné se lance dans un spectacle comico-religieux, "Pardon Judas"

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Bientôt au Théâtre de Beausobre à Morges,Dieudonné se lance dans un spectacle comico-religieux, "Pardon Judas"

23 mars 2001
Héritier de Coluche, Dieudonné est aussi un humaniste engagé et provocateur, par souci de justice sociale
Pour son dernier one man show, "Padon Judas!", l'humoriste français intègre la question religieuse et exhume Judas Iscariote, 2034 ans d’âge et "représentant mondial des indésirables" . Interview de l’apôtre libertaire du rire, qui s'explique sur sa candidature à la présidence de la France.Après l’annonce de sa candidature à l’Elysée, Dieudonné a dévoilé son "gouvernement idéal". Un gouvernement pour dérider les Français, à n’en pas douter. Les humoristes y occupent des postes clés : Jamel Debouze comme Premier Ministre, Guy Bedos au Ministère de l’Intérieur et Daniel Prévost à l’Economie et aux Finances. "Ca n’est pas un gag", assure l’intéressé.

§Pourquoi vous présentez-vous ?Ce n’est pas parce qu’on a le passeport artistique qu’on n’est pas un citoyen. Aujourd’hui,le pouvoir est devenu autoritaire, cynique et menteur, et les partis politiques français ne sont plus représentatifs de la population. Ils ont cassé la confiance qui les reliait à leurs électeurs.

§C’est l’exemple de Coluche qui vous a donné envie de vous présenter ?Oui, je m’inspire de son action. C’est lui qui m’a donné envie de m’investir. Je suis un peu son héritier. Mais je ne le fais pas dans un effet d’annonce burlesque, comme lui, mais parce que je représente une minorité particulièrement exposée à la crise et à la discrimination.

§Souffrez-vous vraiment de discrimination ?Oui, je viens d’être condamné pour propos racistes envers les blancs par la Griffe, une association catholique d’extrême droite, dont le président est un proche du Front National.

§Que s’est-il passé ?La Griffe a décrété qu’en 1600, l’homme noir, qui n’a pas de conscience, était une bête de somme. J’ai donc dit que les blancs se sont investis d’une mission et ont humilié les noirs, un héritage qu’ils supportent aujourd’hui encore. Trois cents ans d’esclavage, de salaire volé, et la France parle encore aujourd’hui de dette des pays du tiers-monde.

§Vous êtes métis, comment la justice a-t-elle traité cette affaire ?Pour instruire la plainte, elle a dû se déterminer sur ma couleur de peau. Mais c’est absurde ! À partir de quel moment est-on noir ou blanc ? En tout cas, selon elle, je suis noir ! J’ai fait recours, mais là, franchement, qui est le comique, je vous le demande.

§Revenons à votre candidature, vous partez sous la bannière des Utopistes, c’est un gag ?Non, pas du tout. J’ai créé ce mouvement avec d’autres artistes français et en lien avec le groupe toulousain Zebda. Notre société, qui porte la devise "Liberté, égalité, fraternité", est fondée sur une utopie. Nous voulons un système où ces mots aient un sens et ne soient pas qu’un simple slogan. De toute façon, sans utopie, le débat politique n’est plus que de la gestion.

§Quelles sont vos priorités ?Si je suis élu, je libère tous les sans papiers. Il n’y a pas de frontières pour les capitaux, je ne vois pas pourquoi il y en aurait pour les êtres humains.

§Vous envisagez d’autres réformes ?Oui, il faut mettre en place une politique sociale d’urgence. Il y a quatre millions et demi de mal logés en France. Il faut aussi augmenter le budget de l’éducation nationale.

§En 1980, Coluche avait fini par se retirer, irez-vous jusqu’au bout ?J’irai jusqu’au bout de là où je pourrai aller, comme je l’ai toujours fait. Je sais que le parcours est sinueux et que les écueils seront difficiles à franchir.