Rencontre avec Lydie Rivière de passage en Suisse:Le mot "résurrection" ne figure pas dans sa traduction de la Bible en français fondamental
§Photo de Lydie Rivière disponible à la rédaction)
Utiliser une langue simple, vivante et bien balancée sans pour autant faire du français au rabais, privilégier le sens et éviter les concepts difficiles, se garder de toute théologie mortifère pour annoncer la Bonne Nouvelle, tel est le défi qu’à relevé Lydie Rivière en traduisant la Bible en français fondamental.
« Je tenais à donner un accès au sens, même par des entrées modestes, pour permettre au lecteur de ne pas se décourager, de lui donner envie de se promener ailleurs dans les textes, explique Lydie Rivière, regard pétillant, vivacité de conteuse et patience immense qui lui a permis de venir à bout de ce travail de bénédictin, mené sur de nombreuses années, en parallèle avec son travail en Côte d’Yvoire.
Lydia Rivière choisit le français de l’Ile de France, mais dans sa version de tous les jours, réduite à 3500 mots. Les restrictions dans le vocabulaire, l’emploi des temps et la syntaxe représentent de dures contraintes. Ce qui la force, dans un effort de renonciation permanent, à se montrer créative. « Plus le niveau de langage est simple, plus la tâche est exigeante » reconnaît-elle. Pas question d’employer des termes non usuels et des concepts difficiles ou qui peuvent prêter à une interprétation malheureuse.
§Le respect plutôt que la crainte de DieuDans sa traduction, le concept de la crainte de Dieu n’est pas repris, il est remplacé par « Le respect de Dieu ». Le terme de résurrection, lui non plus, n’est pas retenu. Lydia Rivière parle de «se lever de la mort, de se mettre debout ». « A la louange de sa gloire » qu’on rencontre dans la traduction œcuménique de la Bible(TOB) ou la traduction Segond, elle préfère dire « pour louer et rendre gloire à Dieu ». Les concepts deviennent des verbes.
« Il y avait tellement de règles à respecter que c’en était épuisant ! » avoue-t-elle aujourd’hui, à l’heure où la version oecuménique de cette version est déjà épuisée, et après vingt ans de travail.
Le texte qui lui a donné le plus de fil à retordre ? Les passages de l’Epître aux Corinthiens (dans le Nouveau Testament) sur la résurrection.
Baptisée « Parole de Vie » , cette traduction avait été demandée à l’origine par la Commission épiscopale de catéchèse et de liturgie pour l’ouest africain francophone. »Ce sont les catholiques qui l’ont demandée, mais ce sont les protestants qui ont financé sa réalisation à travers l’Alliance biblique universelle »se plaît à remarquer Lydie Rivière, ravie de souligner cet œcuménisme non concerté.
Encadré :
La Bible » Parole de Vie » est disponible en 3 éditions différentes selon l’ordre adopté pour les livres de l’Ancien Testament :
L’édition protestante , qui ne comprend pas les livres deutérocanoniques.
L’édition catholique, qui adopte l’ordre des livres de la Bible grecque (Septante) et contient les livres deutérocanoniques, intégrés aux autres livres de l’Ancien Testament hébreu.
L’édition interconfessionnelle, qui comprend les livres deutérocanoniques, mais ceux-ci sont regroupés à la fin de l’Ancien Testament. Les autres livres suivent l’ordre de la Bible hébraïque. Cet ordre des livres est utilisé dans les édition interconfessionnelles depuis la TOB et la Bible en français courant.