Dans son dernier ouvrage, « Mon testament, le feu de l’alliance », il nous livre la synthèse d’un parcours humain, intellectuel et spirituel qu’a toujours sous-tendu un formidable désir de paix et de dialogue. Notes de lecture. Né en 1917 à Aïn-Temouchent, dans l’Algérie coloniale, André Chouraqui y a découvert tout enfant les ferments de la discorde qu’il n’a eu de cesse de combattre toute sa vie, mais aussi le poids de sa judaïté : « Etre juif, c’était être d’ailleurs. Notre lieu n’était ni un pays ni un temps déterminés, mais plus gravement un Livre que nous étions à peu près les seuls au monde à savoir lire dans la langue où il fut écrit, l’hébreu, et pour quelques-uns de ses chapitres, l’araméen ».

Ce livre va l’habiter et il ne cessera de le commenter, de le traduire, de le relire à la lumière des faits historiques, de le comparer aux textes sacrés des deux autres religions monothéistes, y cherchant ses racines, son identité mais aussi la source commune aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans.

§Religions ghettos Dans son souci de jeter des ponts entre les religions et les cultures, il prône l’éducation aux religions et aux cultures comparées qui, selon lui, devraient être systématiquement enseignées dans les écoles pour forger une humanité nouvelle et sortir des ghettos contraignants des religions. « Nous ne devons pas craindre de nous exposer au nécessaire travail de conscience qui commence par une étude objective des faits historiques, afin de faire part des responsabilités et mettre en lumière les faux arguments, les odieuses accusations qu’agitent les chantres de la division » explique l’auteur qui se félicite du rapprochement entre chrétiens et juifs. Et l’écrivain d’expliquer que « le message d’Elohîms est le tronc de l’arbre biblique. Le judaïsme en rappelle les racines et le christianisme en offre les fruits».

Ce nécessaire travail de conscience, l’ancien conseiller du président du Conseil Ben Gourion et l'ancien vice-maire de Jérusalem tente de le faire aussi face au grave conflit qu’a entraîné la création de l’Etat d’Israël. Pour André Chouraqui, l'indépendance de l’Etat hébreu est un " miracle" de Dieu auquel il a consacré sa thèse de doctorat en 1948.

Dans le cadre des entretiens qu’il a eus avec Alain Michel pour la Fondation Hommes de Parole, et dont le livre est une synthèse, il a accepté de se confronter aux souffrances de Palestiniens et d’entamer un difficile dialogue de réconciliation. Mais le reflet de ce face à face a été escamoté dans ce testament. Dommage !

§André Chouraqui, « Mon testament , le feu de l’alliance », 193 pages, éd. Bayard.