Les éditions Labor & Fides à un tournant :Le grand défi de Gabriel de Montmollin
24 juillet 2001
Gabriel de Montmollin, directeur des éditions protestantes Labor & Fides, est un homme heureux : il vient de conclure un accord de collaboration éditoriale et commerciale avec Bayard éditions, important groupe français et boucle ce mois-ci une année faste sur le plan commercial
Il est aussi le concepteur du projet des Eglises pour Expo 02, «Un ange passe». Interview d’un éditeur qui réussit, à l’heure de la déchristianisation, à vendre avec bonheur du spirituel.« Il ne suffit plus, pour survivre dans le monde de l’édition religieuse, d’être le relais de la pensée protestante francophone, d’éditer les thèses et les manuscrits qui nous parviennent et de s’appuyer sur les facultés de théologie protestantes, explique Gabriel de Montmollin, il nous faut imaginer des projets éditoriaux d’intérêt plus général pour toucher un public plus large, les commander aux auteurs et les suivre pas à pas.
A côté des ouvrages purement théologiques qui assurent leur réputation universitaire, Gabriel De Montmollin a édité des ouvrages ayant trait à des problèmes de solidarité et de société susceptibles d’intéresser le grand public.
« Nous sommes dans une phase de déchristianisation institutionnelle très claire, analyse le directeur, l’œcuménisme n’intéresse plus les lecteurs, quoi qu’on en dise dans les médias, il n’y a par ailleurs plus de pensée religieuse dominante, la crise des grands courants de pensée se répercute en théologie. Il a donc fallu nous adapter, nous avons choisi de répondre à la fois à l’intérêt de certains pour une spiritualité exigeante avec notre collection « Petite bibliothèque de spiritualité », et à un public plus généraliste».
C’est en 1994, avec les ouvrages de Lytta Basset que Labor et Fides a élargi ses projets éditoriaux. Chacune des publications de la théologienne a créé l’événement, et 3 de ses titres ont été coédités avec les éditions Albin Michel.
§Succès de librairieUn ange passe dans le regard bleu ciel du jeune directeur, licencié en théologie de l’Université de Neuchâtel qui a repris il y a presque 10 ans les rennes de la maison d’édition genevoise fondée en 1924. La nouvelle politique éditoriale du directeur s’est avérée payante : « L’énigme amish» de Jacques Légeret est un succès de librairie, ce qui a poussé l’éditeur à demander au journaliste lausannois de poursuivre sa collaboration avec un ouvrage largement illustré présentant cette fois-ci les «Quilts amish », inscrit au catalogue de la rentrée.
Autre succès dont Gabriel de Montmollin peut se féliciter, « Un homme libre » d’Eric Grassien, qui raconte sa vie et son combat de handicapé pour vivre dans la dignité. L’homme, qui vendait ses journaux dans les gares, vient de trouver, grâce à son livre, un travail de coursier en chaise roulante à l’hôpital cantonal de Genève. Une retombée inattendue du succès du livre qui réjouit Gabriel de Montmollin plus encore que la courbe ascendante de ses ventes.
Les éditions roulent actuellement avec un fonds de quelque 600 titres dont 30 nouveaux ouvrages par année. Grâce au nouvel accord de collaboration qui vient d’être signé avec le groupe Bayard, Gabriel de Montmollin compte s’assurer une meilleure diffusion en France mais aussi inaugurer des coéditions. « Cet accord remplace celui qu’on avait avec les éditions du Cerf. Nous voulons consolider nos structures, nous ne pouvons plus nous reposer uniquement sur le militantisme des bénévoles ni sur la seule bonne réputation des éditions ».
§L’Evangile inconnuAprès avoir bouclé un des meilleurs exercices jamais réalisés, Gabriel de Montmollin peaufine avec le professeur genevois Frédéric Amsler la publication de « L’Evangile inconnu » qui présente La Source (die Quelle) des paroles de Jésus sous sa forme primitive et antérieure au Nouveau Testament, telle que l’ont reconstituée des exégètes américains et allemands. On y découvrira un Jésus sans croix ni résurrection et un évangile radical dont la pièce maîtresse est le Notre Père. Un texte qui captivera un public toujours plus nombreux qui s’intéresse à une approche historique des origines de la Bible et de Jésus.
Gabriel de Montmollin réussit en douceur à conjuguer rentabilité et défense d’une tradition et d’une pensée qui n’a pas forcément pignon sur rue.
Avec son projet « Un ange passe » retenu par Expo 02, il s’apprête à relever un autre défi, rendre présente la dimension essentielle de la spiritualité chrétienne, susciter des émotions et inviter à une réflexion sur le religieux. En tablant sur l’étonnement, saura-t-il charmer les visiteurs avec ses « 7 ciels» qui jalonneront le chemin du bord du lac de Morat, comme il le fait avec son enthousiasme pétillant et sa modestie ingénue ?
A côté des ouvrages purement théologiques qui assurent leur réputation universitaire, Gabriel De Montmollin a édité des ouvrages ayant trait à des problèmes de solidarité et de société susceptibles d’intéresser le grand public.
« Nous sommes dans une phase de déchristianisation institutionnelle très claire, analyse le directeur, l’œcuménisme n’intéresse plus les lecteurs, quoi qu’on en dise dans les médias, il n’y a par ailleurs plus de pensée religieuse dominante, la crise des grands courants de pensée se répercute en théologie. Il a donc fallu nous adapter, nous avons choisi de répondre à la fois à l’intérêt de certains pour une spiritualité exigeante avec notre collection « Petite bibliothèque de spiritualité », et à un public plus généraliste».
C’est en 1994, avec les ouvrages de Lytta Basset que Labor et Fides a élargi ses projets éditoriaux. Chacune des publications de la théologienne a créé l’événement, et 3 de ses titres ont été coédités avec les éditions Albin Michel.
§Succès de librairieUn ange passe dans le regard bleu ciel du jeune directeur, licencié en théologie de l’Université de Neuchâtel qui a repris il y a presque 10 ans les rennes de la maison d’édition genevoise fondée en 1924. La nouvelle politique éditoriale du directeur s’est avérée payante : « L’énigme amish» de Jacques Légeret est un succès de librairie, ce qui a poussé l’éditeur à demander au journaliste lausannois de poursuivre sa collaboration avec un ouvrage largement illustré présentant cette fois-ci les «Quilts amish », inscrit au catalogue de la rentrée.
Autre succès dont Gabriel de Montmollin peut se féliciter, « Un homme libre » d’Eric Grassien, qui raconte sa vie et son combat de handicapé pour vivre dans la dignité. L’homme, qui vendait ses journaux dans les gares, vient de trouver, grâce à son livre, un travail de coursier en chaise roulante à l’hôpital cantonal de Genève. Une retombée inattendue du succès du livre qui réjouit Gabriel de Montmollin plus encore que la courbe ascendante de ses ventes.
Les éditions roulent actuellement avec un fonds de quelque 600 titres dont 30 nouveaux ouvrages par année. Grâce au nouvel accord de collaboration qui vient d’être signé avec le groupe Bayard, Gabriel de Montmollin compte s’assurer une meilleure diffusion en France mais aussi inaugurer des coéditions. « Cet accord remplace celui qu’on avait avec les éditions du Cerf. Nous voulons consolider nos structures, nous ne pouvons plus nous reposer uniquement sur le militantisme des bénévoles ni sur la seule bonne réputation des éditions ».
§L’Evangile inconnuAprès avoir bouclé un des meilleurs exercices jamais réalisés, Gabriel de Montmollin peaufine avec le professeur genevois Frédéric Amsler la publication de « L’Evangile inconnu » qui présente La Source (die Quelle) des paroles de Jésus sous sa forme primitive et antérieure au Nouveau Testament, telle que l’ont reconstituée des exégètes américains et allemands. On y découvrira un Jésus sans croix ni résurrection et un évangile radical dont la pièce maîtresse est le Notre Père. Un texte qui captivera un public toujours plus nombreux qui s’intéresse à une approche historique des origines de la Bible et de Jésus.
Gabriel de Montmollin réussit en douceur à conjuguer rentabilité et défense d’une tradition et d’une pensée qui n’a pas forcément pignon sur rue.
Avec son projet « Un ange passe » retenu par Expo 02, il s’apprête à relever un autre défi, rendre présente la dimension essentielle de la spiritualité chrétienne, susciter des émotions et inviter à une réflexion sur le religieux. En tablant sur l’étonnement, saura-t-il charmer les visiteurs avec ses « 7 ciels» qui jalonneront le chemin du bord du lac de Morat, comme il le fait avec son enthousiasme pétillant et sa modestie ingénue ?
