"En Palestine, chrétiens et musulmans luttent ensemble contre l'occupation"Le témoignage d'un observateur des Unions chrétiennes
31 août 2001
Des malades et des blessés palestiniens à qui l'armée israélienne interdit de rejoindre les hôpitaux "pour raisons de sécurité", des conjoints qui vivent séparés car l'administration israélienne refuse d'accorder des visas, une zone paralysée où il est quasiment impossible de se rendre à son travail ou à l'école: les Territoires occupés sont une prison dangereuse où chrétiens et musulmans palestiniens sont liés par un même sentiment d'amertume et d'insécurité
Markus Marti, étudiant zurichois en politologie, a partagé leur quotidien pendant trois mois en tant qu'observateur international pour les Unions chrétiennes. Témoignage."En Palestine, les gens vivent en état de siège, chaque détail de la vie quotidienne le révèle", déclare Markus Marti revenu d'un séjour de trois mois au Proche-Orient en tant qu'observateur international pour les Unions chrétiennes (1). Les rapports hebdomadaires qu'il a rédigés durant ce laps de temps regorgent de témoignages qui mettent en lumière les difficultés que doivent affronter les habitants des Territoires occupés. "Tout déplacement relève de l'expédition pour les ressortissants palestiniens, car les contrôles prennent des heures et ils ne sont pas sûrs de pouvoir les franchir, même quand ils ont des laisser-passer", explique l'unioniste.
Durant son séjour, Markus Marti a rencontré Caesar B., un Palestinien chrétien. Il vit à Jérusalem Ouest et a épousé Lena il y a plus d'un an. Pourtant, Lena est toujours domiciliée en Jordanie car les autorités israéliennes lui refusent le droit de vivre à Jérusalem auprès de son mari. Caesar B. ne voit sa femme que toutes les cinq ou six semaines, lorsqu'il peut se rendre à Amman pour quelques jours: "Des fois je n'en peux plus. J'aime ma femme et je veux être auprès d'elle", a-t-il confié à Markus Marti. "Israël n'a jamais reconnu le droit des résidents palestiniens des Territoires occupés à la réunification de la famille", souligne le Centre B'Tselem (2) dans l'une de ses déclarations. D'autres droits fondamentaux de la population palestinienne sont régulièrement bafoués: dans l'un de ses rapports Markus Marti cite un article de presse racontant qu'une palestinienne a accouché dans la rue car des soldats israéliens ont refusé qu'elle accède à l'hôpital.
§Danger omniprésentMarkus Marti a été témoin de la persévérance des équipes des divers centres UCJG/UCF qui ont poursuivi leur travail malgré les innombrables difficultés occasionnées par le bouclage des Territoires occupés. Le camps d'été organisé par l'UCJG de Gaza a accueilli près de 500 enfants, en dépit de l'aggravation du conflit durant les derniers mois. Les gens savent que le danger est omniprésent. Résignés, de nombreux parents se sont dit qu'il était inutile de priver leurs enfants d'un camps de vacances qui aurait au moins l'avantage de les distraire. Selon Bente Pedersen, qui a remplacé Markus Marti au poste d'observateur international des Unions chrétiennes à Jérusalem, il était possible d'éviter les zones dangereuses lors de la première Intifada, alors que ce n'est plus le cas aujourd'hui: des immeubles d'habitation ont essuyé des tirs et des maisons ont été bombardées. "Que vous alliez sur les lieux de confrontation directe ou que vous restiez dans votre maison, c'est identique. On peut vous atteindre n'importe où", écrit-elle.
§Impossible d'être apolitiqueMarkus Marti a été sensible au profond sentiment d'injustice exprimé par les jeunes Palestiniens qu'il a rencontrés. "La jeunesse palestinienne a très fortement conscience de son identité. Il est impossible d'être apolitique pour un Palestinien, qu'il soit chrétien ou musulman", affirme Markus Marti. D'après lui, la minorité chrétienne et la population musulmane de Palestine sont solidaires: "J'ai discuté avec des politiciens chrétiens qui m'ont dit que musulmans et chrétiens luttaient ensemble contre l'occupation." Une unité qu'Israël ne voit pas forcément d'un bon œil: "Mes collègues des UCJG/UCF me disent que la presse israélienne tente de diviser les chrétiens et les musulmans palestiniens", relève Markus Marti. Un travail de sape qui n'a pas abouti car la pression exercée par l'armée et le gouvernement israéliens constitue, semble-t-il, un moyen efficace de cimenter la population palestinienne.
§1 Les Unions chrétiennes sont composées des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG) et les Unions chrétiennes féminines (UCF).§2 Centre d'information israélien sur les Droits de l'Homme dans les Territoires occupés.
Durant son séjour, Markus Marti a rencontré Caesar B., un Palestinien chrétien. Il vit à Jérusalem Ouest et a épousé Lena il y a plus d'un an. Pourtant, Lena est toujours domiciliée en Jordanie car les autorités israéliennes lui refusent le droit de vivre à Jérusalem auprès de son mari. Caesar B. ne voit sa femme que toutes les cinq ou six semaines, lorsqu'il peut se rendre à Amman pour quelques jours: "Des fois je n'en peux plus. J'aime ma femme et je veux être auprès d'elle", a-t-il confié à Markus Marti. "Israël n'a jamais reconnu le droit des résidents palestiniens des Territoires occupés à la réunification de la famille", souligne le Centre B'Tselem (2) dans l'une de ses déclarations. D'autres droits fondamentaux de la population palestinienne sont régulièrement bafoués: dans l'un de ses rapports Markus Marti cite un article de presse racontant qu'une palestinienne a accouché dans la rue car des soldats israéliens ont refusé qu'elle accède à l'hôpital.
§Danger omniprésentMarkus Marti a été témoin de la persévérance des équipes des divers centres UCJG/UCF qui ont poursuivi leur travail malgré les innombrables difficultés occasionnées par le bouclage des Territoires occupés. Le camps d'été organisé par l'UCJG de Gaza a accueilli près de 500 enfants, en dépit de l'aggravation du conflit durant les derniers mois. Les gens savent que le danger est omniprésent. Résignés, de nombreux parents se sont dit qu'il était inutile de priver leurs enfants d'un camps de vacances qui aurait au moins l'avantage de les distraire. Selon Bente Pedersen, qui a remplacé Markus Marti au poste d'observateur international des Unions chrétiennes à Jérusalem, il était possible d'éviter les zones dangereuses lors de la première Intifada, alors que ce n'est plus le cas aujourd'hui: des immeubles d'habitation ont essuyé des tirs et des maisons ont été bombardées. "Que vous alliez sur les lieux de confrontation directe ou que vous restiez dans votre maison, c'est identique. On peut vous atteindre n'importe où", écrit-elle.
§Impossible d'être apolitiqueMarkus Marti a été sensible au profond sentiment d'injustice exprimé par les jeunes Palestiniens qu'il a rencontrés. "La jeunesse palestinienne a très fortement conscience de son identité. Il est impossible d'être apolitique pour un Palestinien, qu'il soit chrétien ou musulman", affirme Markus Marti. D'après lui, la minorité chrétienne et la population musulmane de Palestine sont solidaires: "J'ai discuté avec des politiciens chrétiens qui m'ont dit que musulmans et chrétiens luttaient ensemble contre l'occupation." Une unité qu'Israël ne voit pas forcément d'un bon œil: "Mes collègues des UCJG/UCF me disent que la presse israélienne tente de diviser les chrétiens et les musulmans palestiniens", relève Markus Marti. Un travail de sape qui n'a pas abouti car la pression exercée par l'armée et le gouvernement israéliens constitue, semble-t-il, un moyen efficace de cimenter la population palestinienne.
§1 Les Unions chrétiennes sont composées des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG) et les Unions chrétiennes féminines (UCF).§2 Centre d'information israélien sur les Droits de l'Homme dans les Territoires occupés.