Avortement : L’Eglise catholique se dit déçue de sa soeur protestante
8 novembre 2001
La Conférence des évêques suisses regrette la prise de position du conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse en faveur du régime des délais
Mais dépit ne signifie aucunement crispation, et les relations œcuméniques ne sont en rien menacées, contrairement aux affirmations du groupe à l’origine de l’initiative « Pour la mère et l’enfant. » A l’intérieur de la communauté réformée, les réactions des cantons romands semblent favorables. Il n’y aura pas de réaction officielle de la part de la Conférence des évêques suisses (CES). Mais la déception est perceptible après la prise de position du conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Agnell Rickenmann, secrétaire général de la CES : « Nous n’avons pas été mis au courant, c’est dommage. Même si l’on pouvait s’attendre à ce que la FEPS prenne cette option, nous sommes naturellement insatisfaits notamment parce que nous pensons que les Eglises doivent proposer une vision globale de la vie. Selon nous, il y a là un manque de perspective : la FEPS s’est-elle par exemple demandé ce que va donner leur recommandation au niveau social ? »
En septembre, l’autorité catholique avait rappelé sa condamnation de toute forme d’interruption de grossesse au nom de la défense d’une vie humaine intangible dès sa conception. On le sait, ce refus de dépénaliser l’avortement, conséquence logique de la théorie de l’animation immédiate du fœtus, n’est pas partagé - loin s’en faut - par l’ensemble des catholiques (lire à ce sujet notre article no 213 sur la réaction de la théologienne Andréa Arz de Falco). Il n’en demeure pas moins inconciliable avec l’argumentaire du professeur d’éthique lausannois Denis Müller pour le compte des Eglises réformées. Mais celui-ci ne rallie pas forcément l’ensemble de la communauté protestante (voire encadré), et représente davantage une base de réflexion qu’une injonction.
§Des hauts et des basUne pierre dans le jardin de l’œcuménisme, dont les fruits mettent déjà du temps à mûrir ? « S’il fallait bloquer le processus à chaque désaccord, il y aurait déjà eu cent autres raisons de claquer la porte », sourit Agnell Rickenmann. Cela dit, le secrétaire de la CES se fâche lorsqu’on évoque la réaction de l’« Aide suisse pour la mère et l’enfant. » Ce lobby à l’origine de l’initiative du même nom suivie d’une campagne d’affichage musclée, s’est en effet autoproclamé porte-parole de l’Eglise catholique. Critiquant les conclusions de la FEPS, il a laissé entendre que ce différend pèserait comme une menace sur les relations entre les deux grandes confessions chrétiennes de Suisse. « Ils ne disposent d’aucune légitimité en la matière. Je me demande bien de quel droit ils affirment parler en notre nom. La vie œcuménique continue avec ses hauts et ses bas. »
§Et à l’interne ?Le conseil de la FEPS présentera son argumentation lors de la séance des délégués du 12 novembre prochain. Daniel Ritter, secrétaire général du parti évangélique suisse et délégué zurichois de la FEPS, fera partie de ceux qui monteront au créneau. Logique, puisque son groupe politique fait partie de ceux qui ont publiquement émis des réserves. Dans le camp des Neinsager se retrouvent également l’Alliance évangélique suisse et le groupe à l’origine de l’initiative « pour la mère et l’enfant ». On sait également qu’une partie de la mouvance évangélique, même en Suisse romande, ne veut pas entendre parler d’interruption de grossesse.
Du côté des Eglises cantonales, l’heure semble être au consensus. Même si à Fribourg, Daniel de Roche ne se montre pas enthousiaste : « Je déplore l’absence d’un fondement théologique réformé dans cet argumentaire. On accepte l’idée d’attenter à une vie. Il faudrait quand même dire pourquoi d’un point de vue ecclésial. Cela dit, je rejoins les conclusions de cette étude favorable au régime des délais », précise le président du conseil synodal. Raymond Bassin, son homologue jurassien rappelle que l’Eglise cantonale a l’habitude de se ranger derrière l’avis de la FEPS lors de votations fédérales. Son de cloche identique du côté de Genève : « Nous nous rangerons probablement à cet avis, comme de coutume pour les questions d’éthique sociale, répond Joël Stroudinsky, président du synode. En ce qui me concerne, je trouve le texte proposé au peuple mesuré. » A Neuchâtel, Isabelle Ott-Baechler va dans le même sens, soulignant avec d’autres ne pas avoir ressenti de la part des paroisses ou des fidèles la demande d’un débat ou d’un point de vue purement cantonal sur cette question. « Nous avions déjà dit oui à la solution des délais lorsque le gouvernement neuchâtelois nous avait consulté. Je crois ce point largement acquis au sein de la population protestante du canton. »
En septembre, l’autorité catholique avait rappelé sa condamnation de toute forme d’interruption de grossesse au nom de la défense d’une vie humaine intangible dès sa conception. On le sait, ce refus de dépénaliser l’avortement, conséquence logique de la théorie de l’animation immédiate du fœtus, n’est pas partagé - loin s’en faut - par l’ensemble des catholiques (lire à ce sujet notre article no 213 sur la réaction de la théologienne Andréa Arz de Falco). Il n’en demeure pas moins inconciliable avec l’argumentaire du professeur d’éthique lausannois Denis Müller pour le compte des Eglises réformées. Mais celui-ci ne rallie pas forcément l’ensemble de la communauté protestante (voire encadré), et représente davantage une base de réflexion qu’une injonction.
§Des hauts et des basUne pierre dans le jardin de l’œcuménisme, dont les fruits mettent déjà du temps à mûrir ? « S’il fallait bloquer le processus à chaque désaccord, il y aurait déjà eu cent autres raisons de claquer la porte », sourit Agnell Rickenmann. Cela dit, le secrétaire de la CES se fâche lorsqu’on évoque la réaction de l’« Aide suisse pour la mère et l’enfant. » Ce lobby à l’origine de l’initiative du même nom suivie d’une campagne d’affichage musclée, s’est en effet autoproclamé porte-parole de l’Eglise catholique. Critiquant les conclusions de la FEPS, il a laissé entendre que ce différend pèserait comme une menace sur les relations entre les deux grandes confessions chrétiennes de Suisse. « Ils ne disposent d’aucune légitimité en la matière. Je me demande bien de quel droit ils affirment parler en notre nom. La vie œcuménique continue avec ses hauts et ses bas. »
§Et à l’interne ?Le conseil de la FEPS présentera son argumentation lors de la séance des délégués du 12 novembre prochain. Daniel Ritter, secrétaire général du parti évangélique suisse et délégué zurichois de la FEPS, fera partie de ceux qui monteront au créneau. Logique, puisque son groupe politique fait partie de ceux qui ont publiquement émis des réserves. Dans le camp des Neinsager se retrouvent également l’Alliance évangélique suisse et le groupe à l’origine de l’initiative « pour la mère et l’enfant ». On sait également qu’une partie de la mouvance évangélique, même en Suisse romande, ne veut pas entendre parler d’interruption de grossesse.
Du côté des Eglises cantonales, l’heure semble être au consensus. Même si à Fribourg, Daniel de Roche ne se montre pas enthousiaste : « Je déplore l’absence d’un fondement théologique réformé dans cet argumentaire. On accepte l’idée d’attenter à une vie. Il faudrait quand même dire pourquoi d’un point de vue ecclésial. Cela dit, je rejoins les conclusions de cette étude favorable au régime des délais », précise le président du conseil synodal. Raymond Bassin, son homologue jurassien rappelle que l’Eglise cantonale a l’habitude de se ranger derrière l’avis de la FEPS lors de votations fédérales. Son de cloche identique du côté de Genève : « Nous nous rangerons probablement à cet avis, comme de coutume pour les questions d’éthique sociale, répond Joël Stroudinsky, président du synode. En ce qui me concerne, je trouve le texte proposé au peuple mesuré. » A Neuchâtel, Isabelle Ott-Baechler va dans le même sens, soulignant avec d’autres ne pas avoir ressenti de la part des paroisses ou des fidèles la demande d’un débat ou d’un point de vue purement cantonal sur cette question. « Nous avions déjà dit oui à la solution des délais lorsque le gouvernement neuchâtelois nous avait consulté. Je crois ce point largement acquis au sein de la population protestante du canton. »