L’Eglise réformée bernoise secouée par des dérives sectaires et des pratiques d’exorcisme

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L’Eglise réformée bernoise secouée par des dérives sectaires et des pratiques d’exorcisme

14 février 2002
Pour avoir abordé avec un journaliste au quotidien « Der Bund » la question des dérives sectaires et des séances d’exorcisme contre les démons d’un certain nombre de ministres de l’Eglise bernoise réformée, le pasteur Donald Hasler s’est vu contraint de quitter son poste à mi-temps de conseiller théologique du Conseil synodal
Il est sur le point d’abandonner sa paroisse de Gléresse près de la Neuveville pour reprendre un poste de pasteur dans les Grisons. Le point sur l’affaire qui a fait grand bruit outre-Sarine.C’est un fait connu : une grande diversité d’Eglises cohabitent dans le canton de Berne, parfois dans un même village, comme à Adelboden, qui ne compte pas moins de 17 communautés religieuses différentes. On observe des survivances d’anciennes traditions anabaptistes et piétistes, notamment dans l’Oberland bernois et l’Emmental. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes à l’Eglise faîtière qui se veut accueillante et tolérante et cherche à gérer en douceur- certains parlent de mollesse- cette encombrante diversité et les débordements de certains pasteurs qui n’en font qu’à leur tête et se posent en « gourou » dans leur paroisse, faisant passer le message des Ecritures au second plan. Figures toute puissantes de leur paroisse, certains de ces pasteurs sont allés jusqu’à ignorer ou écarter certains de leurs fidèles qui ne s’inscrivaient pas dans leur ligne, et à pratiquer l’exorcisme contre les démons. Pratiques qui ont fâché des paroissiens et fait grincer des dents à plus d’un, dont le pasteur de Gléresse, Donal Hasler. En tant que conseiller théologique du Conseil synodal, il a étudié le phénomène et a mis en garde son Eglise contre certaines dérives sectaires et fondamentalistes qu’il avait observées ou dont certains paroissiens et conseillers de paroisse s’étaient plaints.

Porter le débat sur la place publique « Le Conseil synodal a fait la sourde oreille » regrette le pasteur, qui a alors accepté de répondre à un journaliste du Bund pour porter le débat sur la place publique. Il a cité des noms, notamment celui du pasteur Paul Veraguth à Wattenwil. Ce dernier a reconnu, dans une interview donnée à ce même quotidien, croire aux anges et aux démons. Dans un sous-titre de son crû, le journaliste se demandait s’il y avait des talibans dans l’Eglise bernoise. L’article paru le 17 août 2001, avant les attentats du 11 septembre, a mis le feu aux poudres.

§ Congé sur le champ Le Conseil synodal a réagi immédiatement, considérant que Donald Hasler avait outrepassé sa mission de conseiller théologique et porté atteinte au secret de fonction en mentionnant les noms des pasteurs connus pour leurs positions fondamentalistes. Ils ont prié leur collaborateur de donner son congé sur le champ.

A l’évidence, le souci de préserver le difficile dialogue entamé avec les milieux évangéliques du canton sous-tend la forte réaction des conseilleurs synodaux. « Nous avons passé des heures et des heures à dialoguer pour chercher à diminuer les tensions, dans un esprit de tolérance et d’ouverture, rappelle Raymond Bassin, vice-président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura, notre maison a un toit suffisamment large pour y accueillir nos diversités» .

Dans un communiqué expliquant sa prise de position au sujet de l’affaire Hasler, le Conseil synodal a toutefois reconnu que « des groupes peu enclins à la tolérance et fixés sur leurs propres préoccupations dépassent les limites données par l’Eglise nationale ». Un débat est à l’ordre du jour du prochain Synode en avril pour redéfinir les qualités requises pour être ministre de l’Eglise cantonale.

Une urgence, de l’avis de la pasteure Ariane Keller, qui a passé trois ans dans la paroisse d’Oberdiessbach dans l’Emmental et connaît bien la question du fondamentalisme.« L’Eglise réformée bernoise n’offre pas un de réelle structure d’identification, ce qui fait que les pasteurs se cherchent d’autres lieux d'appartenance,notamment ans leur paroisse, réponsant aux attentes en tous genres de leurs paroissiens. Et la théologienne de poursuivre : «Deux courants s’affirment, d’un côté les tenants d’une théologie politique, de l’autre les partisans de positions fondamentalistes. Le Conseil synodal essaie de trouver la voie du milieu mais personne ne le suit ! »

L’affaire Hasler a suscité un nombreux courrier qui prouve que la question soulevée travaille les esprits. Donald Hasler, qui est reconnu comme un homme qui pèse ses mots, a reçu pour sa part un large soutien populaire.