GB: Les Eglises dénoncent la stigmatisation de 13 millions de pauvres
Le rapport, intitulé The lies we tell ourselves: ending comfortable myths about poverty (Les mensonges que nous nous complaisons à croire: en finir avec les mythes sur la pauvreté), a été publié par l'Union baptiste de Grande-Bretagne, l'Église d'Écosse et les Églises méthodiste et réformée unie. Il s'attaque aux mythes les plus courants qu'on raconte sur les gens qui vivent dans la pauvreté ou qui bénéficient d'allocations et il met en lumière certaines des statistiques qui sont le plus l'objet d'abus.
Les Églises, qui représentent ensemble plus d'un million de personnes dans toute la Grande-Bretagne, affirment que les statistiques ont été manipulées et utilisées à mauvais escient par les milieux politiques et les médias afin de faire croire à une vision des choses confortable mais dangereuse: les pauvres mériteraient leur condition et mériteraient donc les mesures restrictives auxquelles ils sont de plus en plus confrontés. Les Églises espèrent que le rapport donnera aux chrétiens – et à d'autres – les moyens de remettre en question les mythes et les mensonges qui entourent la pauvreté à chaque fois qu'ils s’y trouveront confrontés.
Le rapport est illustré par des récits, comme celui de Neil, qui était routier jusqu'à ce que des problèmes de santé le contraignent à arrêter de travailler. Il risque de perdre sa maison à cause des réformes que prévoit le gouvernement en matière d'allocations. «J'étais un homme fier. J'ai toujours travaillé mais je ne peux plus m'offrir ce luxe.
À cause de la modification du système d'allocations, je ne peux plus manger correctement. Je ne peux plus me permettre de laisser le réfrigérateur allumé ni de chauffer ma maison tout le temps», dit-il. «J'ai l'impression que mes enfants et mes amis ne me respectent plus, parce que je n'ai plus rien. J'ai l'impression d'être un raté. J'ai l'impression de ne plus être une personne.»
Le rapport envoyé à chaque parlementaireLe rapport est envoyé à chaque parlementaire à Londres et à Édimbourg. Et la population est encouragée à écrire à leurs députés pour leur demander comment ils comptent utiliser ces informations dans l’optique de mieux éclairer les décisions politiques.
«Beaucoup de gens trouveraient pratique de vivre dans une société où la pauvreté ne concernerait que les familles qui sont paresseuses ou qui ont pris de mauvaises décisions», explique Paul Morrison, conseiller en matière de politiques relatives aux questions de société et auteur du rapport.
«Voilà la vision des choses à laquelle ces mythes nous amènent à croire; mais ce n'est pas la Grande-Bretagne dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Il est pratique de croire que les allocations sont trop généreuses. Il est pratique de croire que les allocataires profitent du système ou même – plus absurde encore – sont la cause de nos problèmes économiques. Mais tout cela est complètement faux», affirme-t-il.
Et de conclure: «Les personnes les plus vulnérables de notre société méritent au moins qu'on parle d'elles de façon honnête et avec respect. Voilà ce que nous devons exiger de la part des milieux politiques et des médias. Faute de quoi, nous nous rendons complices d'une grande injustice.» (JMP - 8 - 583 mots)