Le président indonésien déclare croire à la sorcellerie
par Vishal Arora, RNS/ProtestInter
Susilo Bambang Yudhoyono est probablement le premier président indonésien à reconnaître publiquement qu'il croit à la sorcellerie. Dans des mémoires publiés récemment, il raconte une expérience de la magie noire digne d'un «film d'horreur», qu'il a vécue chez lui.
«Tout à coup, mon épouse s'est mise à hurler», écrit le président Yudhoyono dans son livre de 900 pages, intitulé Selalu Ada Pilihan (Il y a toujours le choix). «Une épaisse nuée noire planait au plafond, cherchant à pénétrer dans ma chambre. Alors, j'ai demandé à tout le monde de prier pour qu'Allah nous vienne en aide. J'ai fermé la porte de ma chambre en laissant les autres grand ouvertes. Les tourbillons de nuages ont fini par quitter ma maison.»
Croyance très répandueL'islam prohibe la sorcellerie. Cependant, la pratique est très répandue en Indonésie, pays comptant la plus grande population musulmane au monde. Dans une étude de 2012, le Forum Pew avait révélé que 69% des musulmans d'Indonésie croient que la sorcellerie existe.
«En Indonésie, beaucoup de gens, y compris parmi les plus hauts dirigeants, consultent les devins pour leur carrière, leur fortune et leur mariage», explique Endy Bayuni, rédacteur principal au Jakarta Post.
Cependant, le fait qu'un président l'évoque publiquement est sans précédent, a ajouté Endy Bayuni. Le second et dernier mandat présidentiel de Susilo Bambang Yudhoyono arrive à son terme cette année.
Palais présidentiel hantéLe président Yudhoyono vit dans sa résidence privée et non pas au palais présidentiel, un édifice du XIXe siècle situé à Jakarta, qui est considéré comme hanté, indique Endy Bayuni. Seuls deux présidents, Sukarno (1945-1965) et Abdurrahman Wahid (1999-2001), en avaient fait leur résidence.
En septembre 2010, le président Yudhoyono avait décliné une réunion entre les États-Unis et l'Association des nations de l'Asie du Sud-est organisé en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, en partie à cause de «rumeurs de sorcellerie endémique au palais», selon une dépêche de WikiLeaks.
Seulement une menaceLe président Yudhoyono croit à la sorcellerie, mais peut-être uniquement comme menace. L'an dernier, son gouvernement a proposé des amendements au Code pénal de 1918, notamment une clause stipulant que le recours à la magie noire pour causer «la maladie, la mort ou la souffrance mentale ou physique d'une personne» constitue un délit passible d'une peine d'emprisonnement de cinq ans ou d'une amende de 300 millions de roupies (22'700 euros).