Pain pour le prochain et Action de carême exigent une enquête sur le décès d’un jeune homme survenu dans une filiale de Glencore
Photo: Près des mines de KCC ©PPP
La police et des agents de sécurité employés par Kamoto Copper Company (KCC) ont-ils causé la mort de Mutombo Kasuyi ou alors ont-ils uniquement conduit le jeune homme, qui disait se sentir mal, jusqu’à l’hôpital où il est décédé? Le déroulement des événements qui ont précédé la mort de ce père de deux enfants en bas âge, le 15 février dans le sud de la République démocratique du Congo, diffère radicalement selon que l’on suit le déroulé des événements présentés par Glencore-Xstrata ou que l’on se fie au communiqué commun de Pain pour le prochain (PPP), d’Action de carême, de l’association anglaise RAID-UK, Rights and Accountability in Development (droits et responsabilité dans le développement) et du Centre Centre d’aide juridico-judiciaire (CAJJ).
Violences policières selon les ONGA en croire les ONG, Mutombo Kasuyi, 26 ans, habitant de Lubumbashi, s’était rendu avec un ami à Kolwezi, à 240km de là, pour y chercher du travail. Le soir du 15 février, ils marchaient sur un chemin traversant la concession de KCC. Ils auraient alors été arrêtés par une équipe de sécurité. Selon l’ami qui a pu s’enfuir les agents de sécurité et les policiers les auraient, alors, violemment frappés. Le corps de Mutombo Kasuyi a été retrouvé à la morgue d’un hôpital de Kolwezi. «Le décès de Mutombo est clairement attribuable aux actions violentes des forces de sécurité déployées pour surveiller le site de KCC», déclare Nathalie Kangaji, avocate du CAJJ, qui représente la famille du défunt, citée par le communiqué. Selon le CAJJ, une enquête militaire est ouverte puisque deux agents de police sont impliqués. Les agents de sécurité privés ne seraient, par contre, pas inquiétés.
«La famille craint que l’affaire ne soit classée, comme cela se produit souvent en RDC», relate le communiqué des ONG. En effet, en janvier 2013, un policier de faction devant une concession de KCC aurait tiré à bout portant sur un mineur artisanal de 23 ans, Kalala Mbenga, alors qu’il tentait de quitter les lieux, selon des témoins oculaires interrogés sur place par PPP et RAID-UK. «Cet incident n’a fait l’objet d’aucune enquête et la famille n’a reçu aucune indemnisation.»
Conduit à l’hôpital car il disait se sentir mal, selon Glencore-XstrataDans un courrier de Glencore-Xstrata aux ONG, dont Protestinter a obtenu une copie, la multinationale présente un déroulement des faits radicalement différent. Les policiers et agents de sécurité seraient intervenus en raison d’un important groupe de mineurs artisanaux situé dans une zone située assez éloignée du chemin autorisé. C’est là qu’ils auraient interpellé Mutombo Kasuyi. Ce dernier aurait alors déclaré se sentir mal. Les agents l’auraient alors conduit à l’hôpital le plus proche, celui de KCC. C’est là que le jeune homme serait mort. Le médecin l’aurait ausculté et n’aurait constaté aucune trace de violence. La dépouille aurait alors été transférée à l’hôpital de Kolwezi. Un procureur aurait pris des photos qui confirmeraient l’absence de signe de violences ou d’abus.
Le 20 février, toujours selon le déroulé des faits présenté par Glencore-Xstrata, une autopsie a été ordonnée et il est apparu que la mort aurait été causée par de multiples traumatismes. KCC aurait alors demandé et financé une seconde autopsie, selon laquelle, à nouveau, aucun signe de violence ne pouvait être observé.
Dans leur communiqué de presse, les ONG déclarent, pour leur part, que la famille du défunt attend toujours le rapport d’autopsie.
Glencore-Xstrata réfute donc toute implication dans ce décès. L’entreprise estime, en outre, collaborer avec la justice et appliquer ses principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme.