«La foi ne s’épanouit pas derrière une porte close»
Quels sont, selon vous, les grands problèmes et défis auxquels l’Église protestante est confrontée en 2014?
Les problèmes qui se posent à l’Église protestante ne sont pas différents en 2014 de ce qu’ils étaient en 2013, 2003 ou 1973. Il s’agit de développer une vie paroissiale qui attire les gens et que ceux-ci jugent enrichissante. L’Église doit rayonner dans le monde par des déclarations adaptées à notre temps, inspirées de l’Évangile, et accomplir un travail tourné vers l’être humain. Les tâches éducatives font autant partie de ce travail que les tâches diaconales, culturelles et pastorales. L’Église est une entité complexe. Elle doit se concentrer sur son message, mais aussi rester pleinement en contact avec la société et la vie quotidienne des gens.
Que doivent faire les autorités de l’Église et les paroisses pour que l’Église protestante ne perde pas de l’importance?
L’enquête sur l’appartenance à l’Église montre que la foi chrétienne ne s’épanouit pas derrière une porte close. Elle a besoin d’être confirmée par d’autres, elle ne se développe que si l’individu participe à la vie de l’Église. La personne qui va au culte, qui a des contacts avec le pasteur et les membres de la paroisse, sera plus encline à affirmer sa foi en Dieu que celle qui ne participe pas. Je tirerai de cela la conclusion qu’une telle démarche dépend d’une forme de culte attrayante, du dialogue qui s’engage avec le pasteur et au sein de la paroisse.
En outre, l’enquête sur l’appartenance à l’Église a mis en évidence la grande importance de la famille pour les manifestations de foi, la confrontation aux questions religieuses et la participation à la vie de l’Église. La nécessité de renforcer le travail auprès des familles, des enfants et des jeunes est à mon sens l’autre conclusion à tirer des résultats de l’enquête.
Un pronostic pour l’avenir: si tout continue de la même manière, où sera l’Église protestante en 2030?
L’Église va continuer à décroître, en même temps qu’elle enregistrera une augmentation de la proportion des personnes âgées, puisque les jeunes seront toujours moins nombreux à montrer de l’attachement pour l’Église. Malgré un renforcement des efforts d’évangélisation, l’engagement des membres ne va pas progresser. L’Église ne sera pas pour autant menacée dans son existence, mais elle sera de moins en moins en mesure d’accomplir des tâches dont certaines sont importantes pour la transmission de l’Évangile. Dans l’ensemble, je ne m’attends pas à des changements fondamentaux, et certainement pas à un renversement de cette tendance; je vois plutôt un processus de diminution régulière, avec peut-être ici et là des tendances plus fortes à la rupture, en particulier chez les jeunes. (FNA)