Une bataille entre musulmans et anti-musulmans fait rage par publicités interposées sur les bus de Washington
, Washington, RNS/protestinfo
Tout a commencé en avril par une campagne de publicité organisée par une organisation de musulmans américains pro-Palestine, pendant le Cherry Blossom Festival, point d’orgue de la saison touristique à Washington. La campagne dénonçait ouvertement le soutien des Etats-Unis à Israël.
Un mois plus tard, l’American Freedom Defense Initiative, de la blogueuse Pamela Geller, a répondu en affichant sur les bus des photos mettant en scène Adolf Hitler rencontrant le grand mufti de Jérusalem, avec une légende faisant comprendre que toute opposition à la politique territoriale d’Israël équivalait au nazisme.
Les publicités du CAIR, dévoilées à l’occasion d’une conférence de presse le 11 juin, mettent en lumière «l’attachement de l’islam à la liberté de religion, à la diversité et à la coexistence pacifique que prônent les enseignements du Coran», a déclaré Nihad Awad, directeur administratif national de l’organisation.
Il a en outre annoncé la mise en place d’une initiative de financement participatif sur la plate-forme Indiegogo, visant à collecter les 41’000 dollars nécessaires pour concevoir, publier et diffuser les publicités sur plusieurs lignes de bus pendant un mois.
«Nous ne nous soustrayons pas aux débats sur ces questions, mais l’incitation à la haine est une ligne rouge à ne pas franchir, or je pense que la campagne menée par Pamela Geller a franchi la limite entre ce qui est éthique et ce qui a pour but de provoquer la haine à l’égard d’autrui», a déclaré Nihad Awad lors d’une conférence de presse où il était entouré de responsables religieux et militants juifs et chrétiens.
Dans le texte de la publicité du CAIR, «ce que dit le Coran se passe de commentaire», a-t-il affirmé. Les trois personnes affirment que le verset 2,26 du Coran parle en leur nom: «Ceux qui ont cru, ceux qui suivent la religion juive, les chrétiens, [...] et quiconque aura cru en Dieu et au jour dernier, et qui aura pratiqué le bien, tous ceux-là recevront une récompense de leur Seigneur; la crainte ne descendra pas sur eux, et ils ne seront point affligés.»
Sur l’affiche publicitaire figure par ailleurs l’adresse d’un site web où l’on peut commander un exemplaire gratuit du Coran en s’acquittant uniquement des frais de port (9,95 dollars).
Une épreuve de force similaire s’était déjà déroulée en 2012 quand l’organisation de Pamela Geller avait mené une campagne avec des affiches où le Coran était cité sur fond de tours jumelles en feu à New York le 11 septembre 2001. La société en charge des transports publics dans l’agglomération de Washington, qui souhaitait faire cesser les campagnes de publicité, a été déboutée par une cour fédérale au motif que les messages de ces publicités sont protégés par le Premier amendement relatif à la liberté d’expression.
Le CAIR avait alors riposté par ses propres publicités, citant le verset 7,199 dans le Coran: «Perçois le superflu, et prononce entre les parties avec équité, et fuis les ignorants.»
Les communiqués de presse du CAIR affirment que Pamela Geller fait partie du «noyau dur des anti-musulmans» et qu’elle a été «répudiée par les responsables interreligieux». Le 11 juin, le rabbin Charles M. Feinberg, de la communauté Adas Israel, a déclaré qu’à cause des «odieuses» publicités de Pamela Geller, les musulmans sont victimes «d’invectives et de marques d’irrespect.»
Par courriel, Pamela Geller a répondu qu’il s’agissait là d’une «calomnie inventée par des individus déterminés à discréditer tous les ennemis de la terreur djihadiste, afin que celle-ci puisse se répandre sans entraves et sans opposition.»
En réponse au texte de la publicité du CAIR, Pamela Geller a attiré l’attention sur un autre verset du Coran, qui, lui, condamne les gens qui se tournent vers une autre religion que l’islam, les qualifiant de «perdants». «Le CAIR le sait», a-t-elle affirmé, «et cherche à tromper les non-musulmans crédules.»