Les Églises européennes demandent plus de droits pour les migrants
Photo: CC (by-nc) Tarik browne
Rome (NEV/Protestinter) «Encore une fois, le sommet a raté l'occasion de réfléchir à comment l'arrivée et l'intégration des réfugiés pourraient être un succès pour tout le monde. Au lieu de cela, ce sont des plans illusoires pour repousser les gens qui ont été au centre des discussions», a déploré Torsten Moritz, le secrétaire général de la Commission des Églises pour les migrants en Europe (CCME), à l'issue du Conseil européen qui s'est tenu à Bruxelles les 28 et 29 juin.
La CCME, qui depuis sa récente Assemblée générale a lancé le slogan «n'ayez pas peur, mais espérez», a également exprimé son mécontentement face aux plateformes d’enregistrement dans les pays tiers. «Dans le pire des cas, cela apportera aux frontières de l'Europe quelque chose de similaire à ce que vivent les réfugiés de Guantanamo et déstabilisera les pays d'accueil. Si l'Union européenne (UE) veut soutenir la protection des réfugiés dans les régions d'origine ou de transit, a poursuivi Torsten Moritz, elle pourrait déjà soutenir les nombreux camps existants, par exemple en Jordanie ou en Ouganda.»
En ce qui concerne les «centres contrôlés» au sein de l'UE, «on ne sait pas quelle forme ils doivent prendre. S'ils impliquent le blocage des demandeurs d'asile, ils violent le droit européen et international. L'UE devrait examiner les raisons qui l’impliquent dans l’immigration de certaines populations, telle que l'injustice économique, le manque de réponse au changement climatique, les exportations d'armes et d'autres politiques.»
Des Églises inquiètesLa Conférence des Églises européennes (CEC) a également exprimé ses inquiétudes. «Quand nous demandons des paliers de sécurité, nous demandons à l'Europe un accès sûr et régulier pour ceux qui ont besoin de protection. C'est la stratégie que nous devons poursuivre pour réduire la migration irrégulière et les décès à la frontière», a expliqué Heikki Huttunen, le secrétaire général de la CEC.
Non à la «forteresse Europe»! Ces propos ont été soutenus par l’organisation néerlandaise «Kerk in Actie» (Église en action), ainsi que par 19 organisations de la société civile. «Nous ne pouvons pas refuser l'asile aux personnes dans le besoin si nous voulons rester ‘L'Europe des droits de l'homme’», a souligné Ulrich Lilie, le président de Diakonia en Allemagne.
En Italie, la diaconie vaudoise a mentionné, dans un communiqué, «un compromis entre des positions et des intérêts très éloignés, caractérisés par ce qui s’appelait l’égoïsme national devenu aujourd’hui une forme de souverainisme. Le document du Conseil européen n'est pas politiquement neutre. Il y a très peu de résultats concrets, hormis les fonds pour l'Afrique (peu) et pour la Turquie (beaucoup). Il exprime une volonté unanime de fermeture et de contrôle du phénomène d’immigration.» En soulignant la nécessité de contourner le règlement de Dublin, la diaconie a exprimé ses craintes et sa perplexité face à un «document qui prône la sécurité, qui oublie le devoir de solidarité et d'accueil et qui fait de l’Europe une région qui prône l’exclusion.»
En attendant, un nouveau couloir humanitaire vient d’être créé avec le Liban. «Malgré tout, il y a une Italie et une Europe solidaires et inclusives qui méritent plus d'attention et de respect», a relevé Paolo Naso, coordinateur de la Fédération des Églises évangéliques en Italie pour l’espoir en Méditerranée (FCEI), un programme pour les réfugiés et les migrants, parmi les promoteurs du projet œcuménique des corridors humanitaires.