Faire la distinction entre nécessaire transparence et voyeurisme est un exercice difficile. A propos du célèbre Doyen Morel, quelqu’un me demandait si ce n’était pas voyeur d’étudier sa correspondance privée, faisant état notamment de ses déboires privés.

Les auteurs des Evangiles semblent déjà se préoccuper de ces questions lorsqu’ils parlent de lumière. Pour le dire très brièvement, Jésus y déclare que nous sommes la lumière du monde, qu’il convient de ne pas cacher la lumière et que vivre dans la lumière est difficile, car c’est là que se révèle qui nous sommes.

Dans la suite de Pentecôte, descente de l’Esprit de Dieu sous forme de langues de feu sur les disciples, il est possible de réfléchir à l’éthique chrétienne à partir de la lumière. Oui, il est difficile de se considérer comme brillant·e, d’accepter d’éclairer les autres. Ceci d’autant plus qu’on se sait souvent obscurci par nos actes. Jésus invite toutefois non pas à la droiture, mais au courage. Courage de jeter au feu ce qui n’est pas glorieux, de dire que j’ai de la valeur et de la dignité, que j’apporte quelque chose à la société malgré tout. Il invite pour pouvoir vivre ainsi à ne pas être hypocrite. Il propose de vivre de manière simple pour que nos paroles ne soient pas creuses, mais porteuses de sens et d’espérance.

Le nouvel éclairage, peu flatteur, sur le Doyen contribue à la richesse du personnage, à rappeler que sous ses dehors austères, sérieux et ses réalisations, se trouvait un humain avec ses difficultés, ses conflits. Qu’il n’ait pas assumé publiquement ses faiblesses est excusable. Cela nous invite à nous demander ce que nous assumons ou non et pourquoi. Ce qui nous empêche d’être une lumière pour nos frères et sœurs en humanité. Et à pouvoir, à terme, alimenter notre feu intérieur pour triompher des ténèbres qui sont en nous et nous entourent, et rendre vraie cette parole « et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas retenue ».