« L’attente nous apprend que l’amour est impossible, et que devant l’impossible, on ne peut ni réussir, ni échouer, seulement maintenir le désir assez pur pour n’être défait par rien », mots de Christian Bobin. Je les ai lus au début de l’Avent, ce temps devenu si propice à la frénésie commerciale, aux bons sentiments retrouvés et aux trêves éphémères.

Cette année vivre l’Avent n’est pas simple, vu le contexte global. Impossible d’en rester à dire que l’on s’aime, que tout va bien, et de s’en tenir à préparer nos fêtes : il y a l’Ukraine, le Proche-Orient et tant d’autres souffrances ! Devrions-nous donc renoncer à vivre l’Avent, chemin qui mène pour les croyants à la naissance d’un Dieu devenu pleinement humain pour le meilleur et pour le pire ? Non, bien sûr ! C’est essentiel d’ouvrir des espaces où l’amour puisse naître sans cesse.

Mais pas l’amour pseudo qui gave pour combler des manques à coup de cadeaux et de sucreries. L’amour exigeant, celui qui engage à lutter contre la haine, les extrémismes, les partis-pris, les fondamentalismes. L’amour qui fait naître, advenir, devenir. Celui qui engage en actes et en mots, qui reconnaît la dignité de chaque personne et l’urgence vitale de prendre soin du vivant, de la nature, et les uns des autres.

Ça vous paraît impossible ? A vues humaines, c’est sûr ! Mais à l’Avent, il ne s’agit ni de réussir ni d’échouer : ni prétentions irréalisables, ni culpabilités stériles ! Juste maintenir notre désir assez pur pour que rien ne l’écrase. Notre désir, c’est-à-dire notre espérance : la maintenir éveillée au creux de nous, là où naît la joie. Osons attendre l’inattendu, un Dieu qui ad-vient, et nous offre avec obstination une lumière, un chemin entrouvert, une espérance et un projet de vie dans la nuit du monde. Noël c’est le début, pas la fin. Ne laissons pas mourir la flamme de notre espérance avec la dernière bougie du sapin. Devenons des accoucheurs de lumière, à l’Avent, à Noël et chaque jour.