Nous sommes entrés dans le temps liturgique de l’Avent, qui inaugure et conclut toutes les fêtes reliées à l’histoire de vie de Jésus de Nazareth.

Ce que nous fêtons à Noël, c’est l’émergence subtile au sein du futile. Si cet aspect de l’incarnation appartient au domaine de la foi, il n’en demeure pas moins que l’image qui est véhiculée à Noël est quelque chose de formidable : du fini peut surgir l’infini, du néant peut surgir la vie. Des petits bouts d’éternité.

Mais où reconnaissons-nous encore dans notre vie des petits bouts d’éternités ?

Noël fête un acte à proprement anodin. Une naissance, on en voit tous les jours et ce n’est pas pour autant que notre naissance sera fêtée encore pendant 2000 ans à moins que nous devenions des superstars. Evènement donc anodin, ordinaire, d’où surgit l’extraordinaire.

Je me rappelle cette histoire où un homme passant sur un pont, un soir, de décembre, avait salué et sourit à une femme qui était là, adossée à la barrière au-dessus du vide. Il apprit plus tard que son simple bonjour et son sourire avait empêché la femme de s’ôter la vie. De l’anodin surgit la vie, l’extraordinaire. Des petits bouts d’éternité.

Je me souviens encore de cette marche dans les montagnes de la Patagonie où, mettant levé à 4h du matin pour monter jusqu’au sommet et y voir le lever du soleil, et arrivé tout essoufflé en haut, je me suis dit qu’après avoir vu un spectacle pareil ma vie avait pris un sens nouveau. De la simplicité surgit la vie. Des petits bouts d’éternités.

Souvent, notre mode de vie tient un rythme essoufflant où nous devons toujours être dans la l’efficacité. Un rendement qui nous met des œillères et nous cache ainsi ce que peut être une vie enracinée dans la contemplation des choses simples, inutiles mais Ò combien porteuses de fruits.

Alors saurons-nous encore décrypter le réel pour y discerner ces instants volés ? Saurons-nous nous arrêter et nous offrir du temps pour regarder l’éphémère et le futile sous un nouveau jour, comme source de jaillissement d’une vie nouvelle ?

Se perdre dans la beauté d’un paysage de montagne. Regarder la neige tomber avec douceur sur l’herbe, vibrer au son d’une pièce de musique, partager un temps avec quelqu’un qu’on aime. C’est Ça l’Avent, c’est ça Noël. Des petits bouts d’éternités, offerts gratuitement à celui ou celle qui acceptera de s’arrêter, de regarder les détails et y trouver la perle rare qui donnera sens et profondeur à son existence.

Au nom des paroisses de l’Erguel, je vous souhaite un Avent rempli de petits bouts d’éternité !