Hymne au beau

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[pas de légende]

Hymne au beau

Paula Oppliger-Mahfouf
4 février 2024
L’art de pouvoir reconnaître la beauté en toute chose. Une Plume d’Erguël de la catéchète professionnelle Paula Oppliger-Mahfouf, parue dans la Feuille d’avis du district de Courtelary, le vendredi 26 janvier.

Ce qui sort de cet écrit est le fruit de nombreuses discussions et de l’écoute de ce que les autres racontent. Suite à cela mes émotions vibrent, mes réflexions se mettent en route, et enfin, cet écrit émerge. Aujourd’hui je le veux autour « du beau ». Autour du regard qui cerne, défini, et adore ce beau. Autour de l’oreille qui entend, distingue, discerne précisément et jubile de ce son. Autour de nous, LE BEAU EST.

Et comme dit Mariel Mazocco, philosophe et enseignante à l’Université de Genève : « tout est en toi, le beau est en toi et TU ES LE BEAU ». Si notre regard est flouté c’est difficile de le voir, de l’entendre, de le sentir. Flouté signifie : « rendu flou, indistinct pour le regard et dans la mémoire. Méconnaissable ». Flouté, ou crypté par le trop plein de soucis, par la lassitude de la vie, par nos voix et nos incessants autodialogues internes, et le beau cesse d’exister.

Ce que j’écris là est faux puisque le beau est. Il n’a nul besoin de nous pour prouver son existence mais c’est parce qu’on le voit, le ressent, l’entend qu’il existe. C’est un paradoxe, ce qu’on peut appeler une contradiction logique qui me réjouit. Car me dire que c’est à travers mon regard que je vais faire naitre et vivre le beau c’est réjouissant. Ainsi chacun, chacune de nous peut, en tant qu’humain ou comme un magicien, comme une fée, faire advenir le beau dans sa vie ou dans la vie des autres. Qu’y a t’il de plus important que cela ? Certainement manger, dormir, vivre sous un toit, avoir de l’amour à donner et à prendre, et le beau survient. Cela étant réalisé, qu’y a-t-il de plus important que le beau ? Le travail peut-être, dans lequel le beau se loge quand on aime le faire. Et de manière plus simple, le beau comme nourriture spirituelle pour espérer, croire, avancer et nous relever. Le beau comme combat contre ce qui nous éclabousse, nous salit, nous déshumanise et nous rend acide, mauvais, violent, pédant et déshumanisant.

Albert Jacquard, le célèbre généticien, va même plus loin et dit que LE BEAU EST EN TOUT. Là aussi j’abonde en son sens. J’aime faire cet exercice de rechercher le beau partout. Pour me narguer, mes enfants m’avaient montré l’image du blobfish, un poisson abyssal. Et là c’est vrai que ma théorie sur le beau a été mise à rude épreuve. Et pourtant je lui laisse le bénéfice du doute. Je ne l’ai jamais vu se mouvoir ou nager, émettre des sons et je n’ai jamais caressé sa peau.