Visite à Dachau
La pause du Nouvel An m’a offert une parenthèse précieuse : quelques jours en famille à Munich. Ce fut également l’occasion d’une visite au mémorial de Dachau, à quelques kilomètres de la ville. Ce premier camp de concentration nazi fut érigé dès 1933 comme modèle sinistre pour une multitude d’autres. Pendant les douze années de son existence, plus de 200 000 personnes y furent emprisonnés : opposants politiques, résistants, puis, avec le temps, victimes des purges ethniques, venues de tous horizons. Parmi eux, environ 41 500 périrent, fauchés par la violence des traitements infligés, les exécutions, les travaux forcés ou la maladie.
Aujourd’hui, ce lieu chargé d’histoire s’est transformé en un espace de mémoire. Les visiteurs arpentent les baraquements reconstitués, le crématorium, ou encore le musée, où chaque objet, chaque photographie semble murmurer les récits d’une humanité brisée. Mais au-delà de l’horreur documentée, Dachau appelle à une réflexion profonde, presque intime, sur ce que nous sommes et sur ce que nous devrions aspirer à être. Beaucoup, à la fin de leur visite, s’arrêtent dans l’une des chapelles du site – catholique, protestante, orthodoxe ou juive. Il semble naturel, face à l’indicible, de chercher un refuge dans le silence, de confier ses pensées au mystère du divin.
La visite de ce camp dépasse largement une leçon d’histoire. Elle invite à une confrontation existentielle, à une méditation sur les ténèbres humaines et sur la lumière qui pourrait – et devrait – les transcender.
À une époque où les discours de haine – suprémacistes, identitaires, racistes – résonnent à nouveau sans honte, et tandis que l’extrême droite trouve un écho croissant dans plusieurs sociétés occidentales, je ne peux qu’interroger notre capacité à apprendre du passé. Il me vient cette idée : que ceux qui adhèrent à ces idéologies puissent un jour fouler le sol d’un tel lieu. Dachau, comme d’autres camps, n’est pas seulement une mise en garde contre les conséquences terribles de la haine et de la discrimination. Il rappelle aussi, en creux, notre véritable vocation en tant qu’êtres humains : dépasser la bestialité pour incarner le respect, la tolérance, la solidarité, l’empathie, l’accueil, la bienveillance et l’amour.