Une mère face à l’assassin: le pardon en scène

Le jeu des comédiens fait résonner chaque mot, chaque silence, chaque geste. / ©DR
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Le jeu des comédiens fait résonner chaque mot, chaque silence, chaque geste.
©DR

Une mère face à l’assassin: le pardon en scène

Alexandra Lasserre
24 octobre 2024
Théâtre
Le célèbre texte d’Eric-Emmanuel Schmitt, «La Vengeance du pardon», est adapté pour la première fois au théâtre. Un spectacle bouleversant à découvrir.

Dans un monde marqué par des violences quotidiennes, où les drames et les tragédies personnelles défraient régulièrement la chronique, la question du pardon se pose avec une acuité renouvelée. Peut-on pardonner l’impardonnable? Faut-il chercher à comprendre celui qui a détruit une vie? Ce sont ces questions profondes qu’Eric-Emmanuel Schmitt aborde dans La Vengeance du pardon, une nouvelle poignante adaptée pour la première fois au théâtre.

Inspirée de faits réels, l’histoire suit une mère dont la vie a été brisée par l’assassinat de sa fille. Le meurtrier, un tueur en série qui a semé la terreur à Paris dans les années 1990, a été condamné à perpétuité sans exprimer le moindre remords. Pourtant, cette mère décide de le rencontrer en prison, non pas pour obtenir des excuses ou chercher justice, mais pour comprendre. Comprendre comment un homme peut en arriver à commettre de tels actes et s’il reste en lui une parcelle d’humanité.

A travers ce face-à-face saisissant, Eric-Emmanuel Schmitt et la compagnie La Marelle explorent les méandres du pardon, un geste qui dépasse l’entendement humain. Ce pardon, qui n’excuse ni n’efface la douleur, est pourtant un chemin vers la rédemption, aussi bien pour la victime que pour le coupable. «Pardonner, c’est dire à l’autre: je refuse de te réduire à l’acte que tu as commis, même s’il me fait terriblement souffrir», écrit Schmitt, reprenant ainsi les mots de Nelson Mandela qui voyait dans le pardon une clé pour l’avenir.

Intensité émotionnelle

L’adaptation théâtrale promet une intensité émotionnelle rare. La mise en scène intimiste place le spectateur au cœur de ce dialogue entre la victime et le bourreau, entre la recherche de sens et le besoin de libération. La sobriété du décor et la justesse du jeu des comédiens font résonner chaque mot, chaque silence, chaque geste.

Mais au-delà du simple fait divers dramatique, la pièce pose une question qui nous touche tous: sommes-nous capables de dépasser notre propre souffrance pour offrir une chance à l’autre, même à celui qui nous a blessés de manière irréparable? La mère, héroïne tragique de cette histoire, tente l’impossible. Non pas par naïveté ou faiblesse, mais parce qu’elle croit fermement que l’homme ne peut être réduit à ses pires actions.

Schmitt, connu pour ses réflexions philosophiques sur l’existence, livre ici une œuvre d’une profondeur psychologique remarquable. Dans La Vengeance du pardon, il ne s’agit pas de religion, mais bien d’humanité. Le pardon, tel qu’il est présenté, est une libération autant pour celui qui le donne que pour celui qui le reçoit. C’est un acte de foi en l’autre, en la possibilité d’une rédemption. Pour l’auteur, refuser de pardonner, c’est se condamner à porter éternellement le poids de la haine et de la vengeance.

La représentation ne manquera pas de toucher le public en plein cœur. Que l’on soit croyant ou non, cette pièce est un appel à réfléchir sur notre propre capacité à pardonner, sur les limites de notre compréhension et de notre humanité.

Infos

Pour connaître les lieux et les dates des représentations: www,compagnielamarelle.ch

 Prix: Entrée libre, collecte à la sortie.