«La nature nous éveille à ce qui nous dépasse»
Que signife le printemps pour vous?
Le printemps, c’est la saison de la renaissance par excellence. Après le repos de l’hiver, la nature se réveille et laisse la vie éclore sous de multiples formes et couleurs, c’est prodigieux. En contemplant les beautés du printemps, j’y vois un beau témoignage de la résurrection au cœur de la Création.
Vous êtes à la fois diacre et accompagnateur en montagne, comment ces deux dimensions s’articulent-elles pour vous?
Les deux sont liées par une valeur commune qui est celle de l’accompagnement. En tant que diacre, accompagner l’humain sur le chemin de la vie et de la foi; en tant qu’accompagnateur en montagne, l’accompagner sur les chemins de la nature et de l’émerveillement. J’aime associer les deux, car je trouve que la marche suscite le cheminement intérieur et la nature propose un espace qui nous éveille à ce qui nous dépasse, donc à la dimension spirituelle.
S’émerveiller devant la Création, voilà le sens de vos activités «Nature et spiritualité»
Oui, l’émerveillement est l’une des trois valeurs clés des activités que je propose, avec le ressourcement et le cheminement. J’aime susciter l’émerveillement à travers les marches que je propose. Quand on s’émerveille, on se sent vivant et notre être est rempli d’un élan de gratitude et de sérénité. On se relie, avec bienveillance, au vivant qui nous entoure. J’aime la parole du prêtre Maurice Zundel qui dit: «Dieu, c’est quand on s’émerveille.»
Vous pratiquez la photo animalière: le regard et la patience, deux dimensions par lesquelles se renoue le lien avec la nature?
La contemplation, la patience, le silence et la confance sont des valeurs fondamentales pour la photographie animalière. On se met en quête d’une possible rencontre dont on a aucune certitude qu’elle aura lieu. À travers ce processus, les liens à la nature et au vivant deviennent très forts. J’y vois, en quelque sorte, une métaphore du cheminement spirituel et de la prière, où les mêmes valeurs entrent en jeu. Parfois, on a l’impression que rien ne se passe et, souvent quand on s’y attend le moins, le miracle a lieu. La clé, c’est de toujours y croire.
L’écologie a-t-elle besoin de la foi pour gagner les esprits?
L’écologie n’a pas besoin de convictions religieuses pour exister et se développer. Je crois en revanche, qu’en tant que chrétien, qui considère cette terre comme l’œuvre bénie de Dieu, j’ai la responsabilité d’en prendre soin. Dans le Psaume de la Création (104), il y a ce magnifque verset 24: «Que tes œuvres rayonnent en nombre et en variété, Seigneur! Chacune a reçu tes soins et ton attention. La terre entière et toutes tes créatures ruissellent de ta beauté.» Sensibiliser et œuvrer à la préservation du vivant, qui se trouve aussi bien dans la nature que dans notre société humaine et dont la beauté est comme l’empreinte de Dieu, est un engagement qui s’enracine pleinement dans mon cheminement de foi.
Que diriez-vous à une personne distancée de l’Eglise qui hésite à rejoindre l’une de vos activités?
A l’image de la nature, qui n’a pas d’étiquette, mes activités sont ouvertes à toutes et tous, et c’est tout sauf un lieu de prosélytisme. L’objectif est d’offrir des espaces d’émerveillement, de ressourcement et de cheminement à des hommes et des femmes sensibles à la nature et ouverts à la dimension spirituelle. Il y a ainsi une diversité de paysages intérieurs qui se rencontrent avec bienveillance. J’y apporte une touche chrétienne par la foi qui m’habite. Le dialogue avec d’autres sensibilités offre toujours une richesse au moment partagé ensemble.