L’Eglise réformée vaudoise passe à la loupe son pluralisme
Comment vivre la diversité des sensibilités au sein d’une communauté ecclésiale? Le pasteur Jean-François Habermacher a été mandaté par le Conseil synodal (exécutif) pour travailler cette problématique. Avec un groupe de travail, il a lancé au début de l’année un questionnaire sur ce thème. Mardi 14 novembre, il a présenté à un groupe d’intéressés les premiers enseignements de cette recherche et lancé une deuxième phase de ce travail: les études de cas.
«Nous aimerions collecter, d’ici fin novembre un certain nombre de cas qui mettent en jeu le pluralisme. Autant des cas où celui-ci est bien vécu que des situations où c’est plus difficile», lance Jean-François Habermacher. «Simplement prendre un petit moment pour décrire en 20 ou 30 lignes une situation. Et les laïcs sont particulièrement invités à le faire, puisque nous avons déjà reçu un certain nombre de réponses de ministres.»
Idéalement, les enseignements tirés tant du sondage que de l’analyse de cas devraient permettre de mettre en place une boîte à outils pleine de solutions pratiques pour vivre la coexistence en paroisses ou dans d’autres lieux d’Eglises entre différentes sensibilités spirituelles ou théologiques. Et les premiers éléments de l’enquête donnent déjà matière à discussion. Une deuxième soirée de présentation est d’ailleurs prévue mercredi 22 novembre et les paroisses ou régions qui le souhaitent peuvent faire appelle à des intervenants du groupe de travail pour en vivre une version condensée.
La diversité de courants au sein d’une même Eglise est aussi vieille que l’Eglise elle-même. «Le christianisme est une réalité plurielle, il n’y a pas un évangile, mais quatre!», rappelle Jean-François Habermacher. «Mais je crois qu’il n’y a pas de christianisme sans instance de régulation», prévient le théologien. Le choix des écrits jugés comme canonique en est un exemple. Tradition, mode de transmission, doctrine et régulations institutionnelles sont apparus très vite dans l’Eglise.
Et les résultats de l’enquête le confirment. Pour 64% des répondants, le pluralisme est une réalité positive, mais en même temps seul un petit tiers des répondants (32%) reconnaît que les procédures institutionnelles (synode, fonctionnement démocratique) représentent une solution de régulation des différences ou divergences de convictions. 37% des personnes interrogées souhaitent même un autre mode de régulation. «On veut tous être pluralistes, mais chacun à sa manière», a résumé Jean-François Habermacher. Une contradiction qui n’a pas manqué d’interroger l’auditoire mardi soir. «Quand on est au fait avec les réalités du terrain, est-ce que l’on se donne les moyens de sa politique», s’est interrogé un participant. Une prise de conscience qui est peut-être justement l’une des clés pour davantage de pluralisme en Eglise.