Le Synode vaudois adopte un budget 2020 déficitaire
C’est la bienveillance qui a marqué la première session du Synode de l’Église réformée vaudoise (EERV), tant dans les paroles que dans les actes. À tel point que le budget 2020 largement déficitaire a été adopté par les délégués au Synode (organe délibérant). L’excédent de charges de 1'125'300 fr. initialement prévu a été réduit de 500'000 fr. par le Conseil synodal (exécutif) en cours de séance, annonçant que la masse salariale avait été surestimée. Le déficit s’explique par un écart entre la diminution des charges salariales et la subvention de l’État, par une baisse des contributions des Régions et des paroisses, par une augmentation des cotisations du 1er pilier et par une suppression de la contribution de solidarité.
Période de diagnostic
«Le budget doit rester un outil de pilotage», a rappelé le conseiller synodal et trésorier Perry Fleury. Et pour l’instant le pilotage est automatique, a-t-il avoué. En effet, en poste depuis le 1er septembre, l’exécutif a eu jusqu’au 10 du même mois pour valider un budget préparé par l’équipe précédente. Le temps a donc manqué pour s’en approprier les détails. Le Conseil synodal devra s’y replonger d’ici le Synode de mars, où il présentera également son programme de législature qui définira les priorités et pourrait avoir une incidence sur le budget. L’exécutif a donc misé sur la transparence devant les délégués, rappelant que la période était au diagnostic, mais que «les finances restaient un sujet important et que nous tenons compte tant du scepticisme que des attentes pour l’avenir. Notre volonté est de remettre du souffle au sein de l’EERV», a précisé Emmanuel Jeger.
Les questions relatives au budget soulevées par les délégués ont donc trouvé peu de réponses. «Nous sommes à un moment charnière de notre Église. Nous avons besoin d’un curseur, aussi imparfait soit-il, le budget en est un et nous permet d’avancer, il faut donc l’adopter», a déclaré Ariane Baehni. Malgré le manque d’informations, les délégués ont marqué leur confiance à l’égard du Conseil synodal en adoptant le budget. Plusieurs délégués se sont tout de même faits les porte-parole de leurs Régions évoquant la difficulté du financement de la contribution cantonale, malgré la baisse. «Il faut réfléchir à la façon dont il faut redimensionner notre bateau, tout en restant dynamique», a plaidé Marc Bovet.
En lien avec la jeunesse
La session a aussi été l’occasion d’un échange autour de la catéchèse à l’état de réflexion et sur laquelle travaille actuellement un groupe d’experts. La volonté de l’exécutif est de pouvoir présenter des adaptations et des innovations d’ici un an. Ce qui est déjà sûr, c’est qu’il faut désormais travailler en réseau avec les familles et la jeunesse. La discussion s’est centrée sur les moyens à mettre en œuvre pour garder du lien avec la jeunesse. «C’est une question de patience de l’Église. N’ayons pas d’attentes surdimensionnées, mais accueillons-les», a déclaré Frédéric Keller. «Il faut les laisser partir, vivre leur foi pour qu’ils reviennent ensuite sur le terrain», a ajouté Guy Labarraque. «Il ne faut surtout pas trop d’intervention de la part des paroisses, ne pas policer leur vocabulaire, les laisser exprimer leur foi, faire des erreurs», a plaidé Claude Neyroud Busslinger. «Le catéchisme devrait être une période de formation, un temps fort dans la vie. Des graines seront peut-être semées, qui donneront des fruits plus tard», a philosophé Martina Schmidt.
Le 9 novembre, date anniversaire des trente ans de la chute du Mur de Berlin, la page de la dernière législature a été tournée. Après la méditation finale, la parole était donnée aux délégués, c’est Jean-Luc Crisinel qui l’a prise: «Je ne pensais voir le Mur de Berlin tomber de mon vivant, mais il est tombé. Je ne pensais pas, pendant la dernière législature, voir ce qui s’est passé aujourd’hui: un autre mur est tombé. Il est encore possible que des murs tombent.»