Les réformés valaisans s’engagent pour plus de solidarité
ont réélu la totalité de leur Conseil synodal et se sont engagés, avec conviction, dans la création d’une «Maison de la diaconie et de la solidarité» - un projet d’envergure au nom du bien commun.
Église minoritaire en terres catholiques, l’Église réformée évangélique du Valais (EREV) n’a pas eu peur de rêver grand, ce samedi 16 novembre, à l’occasion de son synode d’automne. Les délégués ont en effet décidé de s’engager pleinement dans le projet «Maison de la diaconie et de la solidarité», présenté à l’assemblée par le conseiller synodal Mario Giacomino.
L’idée est de créer un Centre social valaisan, à l’image du Centre social protestant présent dans les autres cantons, avec un pôle santé, mais aussi un pôle administratif et juridique. «Tout est parti d’une opportunité exceptionnelle qui se propose à nous d’une manière un peu fortuite», a-t-il expliqué, soit la possibilité de louer à une fondation catholique, un bien immobilier comprenant un restaurant ainsi qu’un appartement au centre-ville de Sion.
Constitués à cette fin en association, l’EREV, le Diocèse de Sion, l’Association Accueil-Hôtel-Dieu ainsi que l’Association Saint-Vincent-de-Paul deviendraient alors les locataires du lieu. A travers cette initiative, les Églises réformée et catholique du Valais, ainsi que diverses associations et organismes, affirment leur volonté commune de travailler ensemble «pour fédérer les charismes et les compétences face à l’augmentation des situations de vie de plus en plus précaires (chômage, SDF, etc.) que les divers acteurs de la diaconie observent au fil des années».
Concrètement, la proposition faite au synode (organe délibérant) était la suivante: allouer une contribution annuelle de 5000 fr. à ladite association – sous réserve que le Diocèse de Sion y participe également financièrement à ce projet. Visiblement séduits, les délégués ont choisi de faire le premier pas en adoptant cette proposition avec 42 voix pour et 1 seule abstention. Si tout se passe comme prévu, la Maison de la Diaconie ouvrira alors ses portes en mars 2020.
Une Église enfin formatrice
L’ambiance de ce Synode était également aux réjouissances. En effet, l’EREV célébrait, lors du culte de l’après-midi, non seulement l’agrégation au corps ministériel de la diacre Josiane Frossard de Sion, mais surtout la consécration au ministère pastoral d’Agnès Thuégaz (paroisse du Coude du Rhône), premier ministre formé par l’EREV.
«On se réjouit beaucoup de cette consécration, c’est vraiment une fête», a relevé dès le début de la matinée le président du Bureau du Synode Pierre-François Fauquex. «Pour nous, c’est une grande première. Avec cette consécration, l’EREV devient une Église formatrice, aux côtés des grandes Églises comme Vaud ou Genève.»
Campagne vs bénévolat
Le reste de la journée a été largement dévolu à l’élection du nouveau Conseil synodal (CS), pour la législature 2020-2024. Avant le début des délibérations, quelques critiques se sont fait entendre, notamment sur la procédure et le fait que les candidatures proviennent uniquement de personnes déjà en poste au sein du CS. «On s’apprête à donner les clés de la maison à une équipe dont on ne connaît finalement ni le programme ni les défis que vous souhaitez défendre», pointe le pasteur Pierre Boismorand, du Coude du Rhône. «On ne vous demande évidemment pas de faire campagne, mais de nous dire un petit peu sur quoi vous allez travailler.»
Président sortant du Conseil synodal (Exécutif), Robert Burri ne manque alors pas de regretter ce qu’il analyse comme un sentiment de méfiance et souligne qu’«en Église, on est dans un autre système que dans la société civile. Si les candidats étaient nombreux, on devrait peut-être faire campagne, mais ce n’est pas le cas.» Le président du bureau rappelle d’ailleurs que les membres du CS de l’EREV travaillent tous bénévolement, à l’exception du président engagé à hauteur de 20% pour cette mission. «Il faut en être conscient, notre situation n’est pas comparable à celle des grandes Églises», insiste encore Pierre-François Fauquex.
A titre personnel, le pasteur Gilles Cavin, candidat à la présidence, a souhaité présenter rapidement sa vision pour l’EREV: «L’avenir est assez précaire d’un point de vue ministérielle, on sait les repourvues compliquées en Suisse romande de manière générale», relève-t-il. «Nous devons donc trouver des solutions pour ne pas laisser certaines paroisses sur le trottoir, alors que d’autres se frottent les mains. Le CS doit œuvrer à ce que l’on soit solidaire et que les forces soient réparties.» Une de ses priorités sera également de réfléchir à «comment est-ce qu’on rejoint le 80% de protestants qu’on ne voit jamais? Mais aussi comment est-ce qu’on s’adresse à la jeunesse? Le CS soit être une force de proposition sur ces sujets.»
Après ces quelques précisions, le synode est passé à l’élection, par bulletins secrets, du nouveau CS. Et c’est sans surprise, finalement, que la totalité du Conseil synodal a été réélue à une très forte majorité. Le ministre Gilles Cavin devient par ailleurs le nouveau président du CS de l’EREV, et le laïc Stephan Kronbichler son vice-président.
À l’heure de voter le budget, celui-ci pouvait largement garder le sourire: «L’exercice de rééquilibre du budget a été un succès», a-t-il affirmé, en présentant les comptes. Le budget, tenant compte dès lors de la contribution de l’EREV à la future Maison de la diaconie et de la solidarité, a ainsi été adopté sans opposition et avec seulement 2 abstentions.