L’unité au sein des Églises mise à mal par le coronavirus
Aux États-Unis, la pandémie actuelle a engendré de nombreux conflits au sein des Églises protestantes. C’est ce que dévoile un rapport de l’institut américain LifeWay Research, basé sur une enquête réalisée au mois de juillet. Au cours de celle-ci, 27% des pasteurs évangéliques et traditionnels ont en effet exprimé que le maintien de l’unité et le traitement des conflits étaient l’une de leurs principales sources de préoccupation. Au cours d’une enquête identique réalisée au mois d’avril, seuls 8% d’entre eux avaient cité les désaccords et conflits internes dans les problèmes rencontrés au sein de leur ministère.
Ces résultats semblent exprimer la division qu’il existe présentement dans le pays quant à la meilleure façon de répondre à la pandémie de Covid-19. «Tout arrêter était beaucoup moins compliqué, que les débats sur la façon de rouvrir», expose Trevin Wax, vice-président senior de la maison d’édition partenaire LifeWay Christian Ressources, affiliée à la Convention baptiste du Sud. Et d’ajouter: «D’une certaine manière, on a l’impression que les pasteurs, qui ont pour mission de prendre soin de leur communauté, se sentent vaincus.»
Des divergences mal vécues
Pour cet ancien pasteur, les divisions actuelles n’ont rien à voir avec celles qu’il a pu observer par le passé, en tant que leader de la congrégation. Des gens de différentes sensibilités politiques étaient alors capables de servir ensemble au sein du même conseil, en raison de leur plus grande entente sur la doctrine de l’Évangile, explique-t-il. «Or aujourd’hui, il y a des gens qui sont choqués et consternés de découvrir qu'il y a d'autres personnes dans leur congrégation, qui ont des opinions complètement différentes sur la meilleure façon de gérer une pandémie», commente-t-il.
Les centaines de pasteurs qui ont répondu à l'enquête ont inclus des réponses écrites aux questions ouvertes posées sur les défis auxquels ils sont actuellement confrontés. «Les membres de ma communauté se trouvent dans des positionnements très différents en ce qui concerne le virus», formule notamment l’un d’entre eux. «Certains perdent patience et veulent reprendre une vie normale sans se soucier des conséquences potentielles. D'autres pratiquent encore une distanciation sociale extrême et ont du mal à comprendre ceux qui ne prennent pas la situation au sérieux», détaille-t-il.
Un isolement pénible
Deuxième «point de pression» le plus souvent cité lors de cette enquête, le pastorat à distance, mentionné par 17% des répondants. Viennent ensuite les préoccupations liées à la sécurité et le bien-être de leurs membres (13%) et celles relatives à l'épuisement personnel et l'isolement (12%). «Se sentir déconnecté du peuple et de ses attentes, ressentir le besoin d'encouragements. Je suis fatigué de tout ce qui est virtuel!», exprimait l’un d’eux. Et de conclure sa réponse en ajoutant en lettres majuscules: «P.S. Peut-être que j’ai juste besoin d’un câlin?!!!» (sic).
Trevin Wax confie combien il était décourageant de lire certaines réponses de ces pasteurs, qui sont à la fois épuisés et luttent pour garder leurs fidèles ensemble. «Les bons pasteurs se sentent responsables du maintien de l'unité de l'Église», explique-t-il. «C'est déchirant de lire ces commentaires de pasteurs qui ont l'impression qu'une grande partie du travail qu'ils ont accompli pour préserver l'unité de l'Église est menacée en ce moment par des différences qui relèvent en réalité d’une question de discernement personnel.»