Bejuso était un coq de clocher fier et prétentieux perché au sommet de son église. Son arrogance agaçait les autres coqs perchés, qui se sentaient incapables de le contredire. Fort heureusement, il lui arriva une mésaventure… Soufflé par une tempête, il perdit l’équilibre et heurta violemment le sol. Il est ensuite recueilli par les enfants du sacristain, qui le soignent et lui font découvrir le quotidien de la paroisse, dont il n’avait pas la moindre idée. «C’est une manière de plonger dans le monde de l’Eglise de façon moins intellectuelle qu’à notre habitude», souligne Anne-Dominique Grosvernier, formatrice et co-responsable de la catéchèse de l’Arrondissement du Jura des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure. Bien qu’elle admette que l’ouvrage comporte certains clichés sur la vie paroissiale, qui sont parfois très vrais, elle apprécie particulièrement la manière dont les idées directrices de la vision ont été traduites de manière simple et compréhensible pour les rendre accessibles. 

Blessé, le coq Bejuso est surpris que la chatte de l’église, qui porte le nom symbolique d’Ekklesia, ne le mange pas. Dans sa conception, les forts mangent les plus faibles. Elle lui explique que dans l’Eglise, les relations sont différentes. Elle est ouverte à toutes et à tous et est solidaire des laissé·es-pour-compte. A peine remis sur pattes, grâce aux bons soins des enfants du sacristain, le coq retrouve son arrogance et essaie d’imposer sa conception de la croyance dans une discussion mouvementée pour savoir si la tempête qui l’a fait chuter était l’œuvre de Dieu. Pour lui, dans son Eglise, tout le monde doit croire de la même manière! Ce à quoi la chatte Ekklesia rétorque que, dans la sienne, chacun·e a le droit de parler selon ses convictions personnelles. De nombreuses péripéties s’enchaînent ensuite qui permettent à chaque fois d’aborder une idée liée aux valeurs fondamentales des Eglises Ref bejuso. «Celle qui me parle le plus est le fait de rester proches et de penser monde. C’est un équilibre savant à trouver pour cultiver les contacts de proximité tout en étant ouvert à une dimension plus large», ajoute Anne-Dominique Grosvernier. Pour la co-responsable de la catéchèse d’Arrondissement, l’évolution de la perception du coq Bejuso est plus qu’intéressante, lui qui pensait dominer le monde entier depuis sa girouette.

Ce projet bilingue a été très bien accueilli par l’ensemble des professionnels de la jeunesse des Eglises Refbejuso lors d’une journée qui leur était spécialement consacrée. «Même s’il y a de nombreuses différences entre l’enseignement religieux francophone et alémanique, le livre a suscité de nombreuses réactions positives. Il a également permis de faciliter un rapprochement entre les deux cultures.» Bien que l’ouvrage émane des Eglises Refbejuso, la formatrice précise que ce dernier pourrait très bien être adopté par n’importe quelle autre Eglise réformée. Quelques exemplaires sont d’ailleurs déjà partis du côté de l’Eglise réformée fribourgeoise, avec laquelle elle collabore étroitement.