Désavoué, le formateur des pasteurs romands s’en va

L’Office protestant de formation (OPF) à Neuchâtel est le passage obligé des pasteurs et diacres romands / IStock
i
L’Office protestant de formation (OPF) à Neuchâtel est le passage obligé des pasteurs et diacres romands
IStock

Désavoué, le formateur des pasteurs romands s’en va

26 septembre 2024
Le responsable de l’Office protestant de formation (OPF) à Neuchâtel, passage obligé des pasteurs et diacres romands, quittera son poste le 8 octobre prochain. Des désaccords sur le futur de la formation ecclésiale sont la cause de son départ.

Sur fond de désaccord, le pasteur et théologien français Didier Halter, à la tête de l’Office protestant de la formation (OPF) des pasteurs et diacres romands depuis 2011, quittera son poste le 8 octobre prochain. Un communiqué daté du 19 septembre indique que «le Conseil exécutif de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER) et Didier Halter ont décidé d’un commun accord de mettre un terme à leur collaboration», notamment «en raison de divergences sur les modalités de mise en œuvre du nouveau dispositif de formation».

Ce départ intervient en effet alors que les Eglises réformées romandes ont lancé tout un chantier de refonte de leur formation initiale. Initié par Didier Halter, ce processus s’inscrit en réaction à un contexte de sécularisation sans précédent et une pénurie grandissante de pasteurs en Suisse romande.

Désapprobation et réévaluation

A l’été 2023, ce dernier rend un premier rapport présentant différentes pistes à envisager. Un état des lieux qui a suscité la désapprobation de l’importante Commission des stages et de la formation (Corostaf) de la CER. Dans un contre-rapport daté de janvier 2024, cette commission révèle avoir «souhaité une discussion avec Didier Halter», mais que cette «entrevue a été refusée par ce dernier».

Dans son document, la Corostaf poursuit en déplorant que le rapport de l’OPF a été pensé et rédigé par son propre directeur, ce qui l’expose à «une inévitable faiblesse». Il est reproché au rapport de Didier Halter d’être en «inadéquation avec les besoins de la majorité des Eglises cantonales» et à ce dernier de n’avoir interrogé que «trop peu de personnes pour être représentatif d’une réalité».

Après une journée de réflexion le 10 février et la constitution de groupes de travail ad hoc, l’Assemblée générale de la CER s’est engagée formellement dans sa réforme, début juin, en actant une série de premières décisions, éloignées des propositions du rapport initial de l’OPF. L’une d’entre elles, qui provient d'un amendement déposé par l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), engageait de plus le Conseil exécutif de la CER à «revoir les profils de poste de l’équipe de l’OPF pour en vérifier l’adéquation». Cette décision requestionnait de fait le rôle que devrait jouer le responsable de l’OPF dans ce processus.

Un rôle en question

«Les divergences dont nous avons pris conscience à la suite des décisions prises par l’AG du 1er juin se sont cristallisées autour de la question de savoir à quel moment le directeur de l’OPF serait intégré dans le groupe de pilotage», explique Jean-Baptiste Lipp, président du Conseil exécutif de la CER. «Allait-il être, comme cela était inscrit dans son rôle actuel, le responsable de la refonte de la formation? Nous nous devions de suspendre, un temps, cette prérogative, si nous écoutions les Eglises qui nous ont élus.»

Contacté, le directeur sortant n’a, pour sa part, pas souhaité s’exprimer «pour le moment».

Quant à la présidente de la Corostaf Nicole Awais, elle se contente aujourd’hui de signaler que «la Corostaf a pris acte du départ du directeur de l’OPF et accompagnera au mieux le projet avec ses remaniements pour assurer aux ministres de Suisse romande une formation de qualité».

Dans l’immédiat, le poste de Didier Halter ne sera pas repourvu, de même que celui de Daniel Chèvre, responsable de la formation pastorale au sein de l’OPF, qui a pour sa part donné sa démission pour fin septembre. Jean-Baptiste Lipp indique que le Conseil exécutif a choisi de «prendre le temps de reconfigurer les postes en fonction des besoins et aussi des capacités financières des Eglises en forte diminution».