L’enjeu du quotidien
C’était deux frères: l’un bourru, l’autre avait des allures de jeune premier. Leurs péripéties étaient dépeintes dans mon livre scolaire. C’était les années 1990, Jacob et Esaü étaient au programme de l’histoire biblique. Une matière mise au placard depuis.
En 2013, le cours d’éthique et cultures religieuses a débarqué dans plusieurs classes primaires romandes. Curieuse, j’ai ouvert un manuel et toute l’architecture religieuse s’est offerte à moi: église, mosquée, temple bouddhiste et synagogue y étaient examinés à la loupe. Je regrettais alors de n’avoir eu droit de mon temps qu’au chapitre chrétien.
Et puis, je me suis souvenue de notre sortie à la synagogue et de mon enthousiasme dans ce lieu mystérieux. Finalement, c’était bien l’histoire biblique! La découverte de la croyance de l’autre n’a jamais eu raison de mes racines.
Aujourd’hui, c’est ma fille qui arpente les couloirs de la diversité religieuse, avec une dose de christianisme rationnée. Je ne le regrette pas! Ses camarades ne fêtent pas tous Noël ou Pâques. Elle me parle d’une amie qui ne festoyait qu’à la tombée de la nuit, d’un Nouvel-An qui n’a pas lieu le 1er janvier. Les questions fusent. Les réponses un peu moins.
Impossible de faire l’impasse sur cette diversité qui fait son quotidien, plus qu’il ne fut le mien. En tout temps, l’enjeu pour l’école a été de garantir un enseignement respectueux de chacun, mais il est important pour les enfants de connaître leur voisin, de table d’abord.