Les sans-affiliation progressent
Dans les recherches menées sur cette population grandissante, on s’est ainsi aperçu que les répondants de cette catégorie pouvaient appartenir à une large variété de philosophies pouvant admettre ou non l’existence d’un ou plusieurs dieux, reconnaître ou non la capacité de l’humain à répondre aux questions spirituelles, s’opposer ou non aux pratiques religieuses. Autant dire que sans religion ne veut pas forcément dire sans spiritualité!
Par ailleurs, ce relativisme grandissant concernant les convictions religieuses touche également les personnes religieuses! Plusieurs études de valeurs montrent qu’une proportion grandissante de croyants peut accepter des valeurs pourtant réfutées par l’orthodoxie de leur religion: par exemple des personnes déclarent à la fois être chrétiennes et croire en la réincarnation. «Cette tendance à considérer qu’il n’y a pas, en matière spirituelle, de vérité autre que personnelle, et personnellement appropriée, ne caractérise pas seulement des chercheurs de sens librement flottant (…) Elles travaillent aussi l’espace des religions institutionnelles, en remettant profondément en question les dispositifs d’autorité à travers lesquelles celles-ci assurent concrètement leur compétence en matière de vérité», constate la sociologue des religions Danièle Hervieu-Léger*. La chercheuse française constate en outre que cette individualisation du croire conduit pourtant à une «standardisation de la production symbolique», en clair à une «homogénéisation du croire.»
Ce que croient les Suisses
Une grande diversité d’appartenances
• 38 % de catholiques romains.
• 26 % de réformés.
• 1,7 % d’évangéliques.
• 5,7 % d’autres communautés chrétiennes (dont 2,2 % d’orthodoxes et autres chrétiens orientaux).
• 5 % de musulmans, dont quatre sur cinq sont des migrants de première génération (le total des musulmans inclut les alévis, qui ne se considèrent pas tous comme musulmans).
• 1,5 % de personnes appartenant à d’autres religions (0,5 % d’hindous, 0,5 % de bouddhistes, 0,2 % de israélites).
• 22 % de personnes sans appartenance religieuse.
Sans confession, mais pas sans spiritualité
• 22 % des participants déclarent ne pas avoir de religion, mais seul un tiers de ceux-ci se dit athée et un quart agnostique, c’est-à-dire ne sachant pas si un ou des dieux existent.
• Une personne sur dix sans confession affirme croire en un Dieu unique et 31 % en une puissance supérieure.
• Un tiers des personnes sans confession croient qu’une force supérieure guide leur destinée et 41 % que des personnes possèdent un don de guérison ou de voyance.
La spiritualité est essentielle
• Plus d’une personne sur deux (56 %) considère que la religion ou la spiritualité joue un rôle plutôt ou très important dans les moments difficiles de la vie, et 47 % en cas de maladie.