Peine légère avec sursis pour le pasteur soupçonné de pédophilie
Nonante jours-amende avec un sursis de deux ans, c’est la condamnation retenue par le Tribunal de Boudry (NE) contre un pasteur vaudois ce mercredi. Âgé de 47 ans lors de faits survenus en 2016, l’homme d’Église, par ailleurs aumônier militaire (où il a été démis de ses fonctions jusqu’au procès), s’est rendu coupable d’actes sexuels sadomasochistes avec un jeune homme rencontré sur le net dont il n’a pas vérifié l’âge avec assez d’assiduité selon le tribunal. Le plaignant lui avait toutefois menti à ce sujet, dès leur première prise de contact sur un site gay.
Si le Ministère public et la défense ont requis l’acquittement, le pasteur, en plus de sa condamnation, devra verser 3000 francs pour tort moral au jeune Neuchâtelois aujourd’hui majeur, dont la mère s’était chargée de déposer la plainte pénale. Trois chefs d’accusation pesaient sur le Vaudois: actes sexuels avec mineur, actes sexuels avec une personne incapable de résistance ou de discernement et détention sur son ordinateur de contenu pédo-pornographique, ce qui n’a précisément pas pu être prouvé. Le prévenu a certes avoué se rendre sur certains sites pornographiques sans intention d’y consulter des images impliquant des jeunes gens mineurs, mais les contenus incriminants retrouvés dans son matériel informatique, selon la police, auraient été enregistrés à son insu par son navigateur web. De plus, ils ne formaient pas un volume assez conséquent pour que le bénéfice du doute ne profite pas au pasteur.
Pas de contrainte sexuelle
Par ailleurs, le léger retard mental du jeune homme, capable de suivre un apprentissage de coiffeur, de donner des rendez-vous sur internet et d’assumer son goût pour des pratiques sexuelles particulières n’a pas été considéré par les juges comme suffisant pour parler de réel manque de discernement. Il n’avait d’ailleurs pas été détecté par le prévenu. Leurs trois rencontres nocturnes, en extérieur, et au cours desquelles aucune contrainte sexuelle n’est prouvée, ne sont donc considérées comme problématiques qu’au titre de la négligence du pasteur quant à la vérification de l’âge de son partenaire. Le juge a ainsi rappelé que pour s’adonner à de telles pratiques humiliantes et volontairement douloureuses, l’ex-aumônier n’aurait pas dû se satisfaire d’une simple vérification orale. L’adolescent avait d’ailleurs annoncé avoir 20 ans sur internet avant de se dire âgé de 19 ans au moment de leur première rencontre dans le canton de Neuchâtel, ce qui aurait dû mettre la puce à l’oreille du pasteur, selon le tribunal.
Un autre homme a également été visé par une plainte du même type déposée par la mère, mais l'affaire a été classée. Le jeune homme, qui avait une forte activité sur internet, y changeait de pseudo régulièrement et aurait persévéré dans ses recherches de rencontres sexuelles même après avoir connu le pasteur vaudois.
L’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), au sein de laquelle le pasteur était actif depuis une vingtaine d’années, l’avait poussé à la démission il y a trois ans, dès le début de la procédure. Cependant, «au titre de la présomption d’innocence, un mandat administratif à durée déterminée a été confié à l’ancien collaborateur», a déclaré Carole Delamuraz, responsable de la communication de l’EERV, assurant encore qu’une «enquête interne a été menée, qui n’a en rien montré de faute professionnelle commise dans l’exercice de la fonction de ce collaborateur.» Le Conseil Synodal (Exécutif), quant à lui, ne communiquera sur l’issue du procès qu’après la prochaine réunion de son collège.