Un chemin d’espérance qui témoigne de sa foi
Elle ne se voyait pas proclamer sa foi sur le perron d’un temple. Alors elle a cherché une autre façon d’exprimer la manière dont elle la vit au quotidien. Très concernée par la question de l’écologie et touche-à-tout artistique, la pasteure genevoise Anne-Christine Menu-Lecourt a pris le parti de se servir de ces deux centres d’intérêt pour nourrir son ministère: «Je mets ce qui m’habite au service d’une proclamation différente de l’Évangile. Avec une présence hors les murs puisque les gens ne viennent plus dans les églises.»
Un témoignage hors des murs
C’est ainsi qu’avec l’aide de jardiniers amateurs, la pasteure a mis les mains dans le terreau pour façonner des potagers urbains, plates-bandes et autres balcons fleuris autour de temples. Avec à la clé de belles réussites, au sens propre comme au sens figuré: «Voir de petites graines pousser et prendre de l’ampleur indépendamment de notre volonté et de nos efforts est une grande joie. C’est le miracle de la vie, parabole de la foi, si petite soit-elle, et qui peut déplacer des montagnes.» Elle prenait notamment pour exemple son «petit bout de jardin de rien du tout » situé à Montbrillant, bêché avec son homologue catholique et des personnes en situation d’exclusion. «Mô-ki-pousse» a été présenté durant la messe du pape François, en juin 2018 à Palexpo! «C’est un espace de témoignage à la fois direct et indirect. Aujourd’hui, exprimer frontalement sa foi suscite la méfiance. Utiliser un espace extérieur pour questionner les gens sur l’espérance en prenant pour prétexte un bulbe de fleurs est une démarche très différente», précisait Anne-Christine Menu-Lecourt.
La pasteure avait également conçu un sentier méditatif dans le jardin de la chapelle de Veyrier. «Ce magnifique parc a un potentiel incroyable pour exprimer notre foi. Nous voulions offrir un espace permanent de prière, de méditation et de ressourcement, avec des textes en lien avec la nature, Dieu, la Création et la spiritualité», expliquait-elle. Ce sentier entre en résonance avec le jardin potager planté à côté, où la générosité de la nature rappelle celle de Dieu et notre lien direct avec la terre. En plus des Jardiniers de la Création – avec un clin d’œil aux initiales JC –, Anne-Christine Menu-Lecourt avait développé les ateliers Artisane d’Espérance. Ces instants partagés d’éco-création avec des matériaux que l’on jette habituellement étaient sa manière de sensibiliser à la surconsommation. Si elle était déjà acquise à ces questions-là depuis des années, le long arrêt maladie vécu il y a quatre ans lui avait laissé le temps nécessaire pour initier son changement de mode de consommation.
L’écriture d’un livre «De poussière et de ciel» en 2014 – et une version augmentée en 2018 «De sel et de feu, au cœur du cancer, un chemin d’espérance» –, la peinture et la sculpture ont été ses exutoires durant cette période difficile. Elle a exposé ce qu’elle appelait son «chemin d’espérance» en octobre 2018, à la Chapelle des Arts. Avec une force et une conviction d’autant plus poignantes qu’elle combattait la récidive de son cancer.