La philo s’invite dans l'accueil parascolaire de Lausanne

Image d'illustration / ©istock/skynesher
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©istock/skynesher

La philo s’invite dans l'accueil parascolaire de Lausanne

16 avril 2019
Onze structures lausannoises d’Accueil pour enfants en milieu scolaire ont proposé des ateliers de dialogue philosophique, du 4 mars au 12 avril dernier. Ce projet s’inscrit dans la campagne de la Ville «C’est la base» qui promeut le respect, la solidarité et la tolérance auprès des jeunes.

«Pourquoi, je ne pourrais pas écraser un escargot?», provoque Xavier Vasseur, chef du projet «Dialoguer, c’est la base». «Si toi, tu traverses la route et qu’on t’écrase, tu n’aimerais pas», réagit un enfant. L’échange a eu lieu dans la structure d’Accueil pour enfants en milieu scolaire (APEMS) de Primaflora, au centre de Lausanne, lors d’un atelier de dialogue philosophique. Du 4 mars au 12 avril dernier, onze APEMS, à Lausanne, y ont participé. Au total, 61 ateliers ont été proposés, touchant plus de 160 enfants âgés de 6 à 7 ans et de 8 à 9 ans.

 «Il s’agit de développer chez les enfants, donc les futurs citoyens, des compétences cognitives, affectives et relationnelles qui leur permettront de se questionner sur le monde, d’échanger leurs opinions avec les autres et de prendre les meilleures décisions possible pour eux et la société», explique Xavier Vasseur. Ce projet porté la Fondation «Savoir-être et vivre ensemble» (SEVE) Suisse répondait à un appel de «C’est la base», une campagne d’éducation de la Ville de Lausanne qui promeut le respect, la solidarité et la tolérance chez des jeunes.

Les ateliers se sont déroulés en deux temps: une première partie de pratique de l’attention permettant aux enfants de se recentrer sur eux-mêmes et un deuxième temps de dialogue autour d’une question en particulier. «Chaque question a été définie avec les jeunes en fonction de leurs propres interrogations», précise Xavier Vasseur, animateur SEVE. Par exemple, «qu’est-ce que la mort?», «pourquoi mange-t-on certains animaux et pas d’autres?», «est-ce que Dieu existe?» où encore «est-ce que mentir est toujours mal?».

Amener les enfants à découvrir leurs ressources

À l’APEMS de Primaflora, la question du respect a capté l’attention de deux groupes d’enfants pendant 45 minutes. Dans le premier, 19 petits de 6 à 7 ans étaient réunis, assis en cercle sur des blocs en bois. Après avoir passé quelques minutes à se concentrer sur leur respiration, c’est calmes et silencieux qu’ils ont réfléchi à la question du respect. «Si on mange des bonbons, on ne se respecte pas soi-même, car après on a des caries», lâche une petite fille. «Mais pourquoi faut-il se respecter?», demande l’animateur. «C’est pour notre sécurité», répond une tête blonde.

«On peut apprendre par transmission de savoir, mais lorsque la personne se questionne et trouve elle-même des réponses, ses acquis sont beaucoup plus grands. L’objectif est d’équiper les enfants d’outils pour leur permettre de faire mieux face aux situations de tous les jours», explique encore Xavier Vasseur. «Ces ateliers de dialogue permettent également de désacraliser l’image selon laquelle la philosophie est réservée aux vieux intellos.» L’animateur est un «facilitateur» qui fait de la maïeutique, il pousse les enfants toujours plus loin dans leurs questionnements, les amenant à découvrir leurs ressources et à les exprimer. L’adulte ne répond jamais aux questions.

«Le respect, c’est de la même famille que la gentillesse»

Le second groupe rassemblait trois jeunes de 8 à 9 ans. Là aussi, ils se sont penchés sur la définition du respect. «C’est de la même famille que la gentillesse, mais ça a une autre signification», tente une fillette. «Pourquoi lorsqu’on coupe la parole à quelqu’un on lui manque de respect?», insiste l’animateur. Chaque enfant fourmillait d’idées et était impatient de pouvoir s’exprimer. À la fin de cet atelier, l’animateur et les trois jeunes ont formulé ensemble une définition de la thématique: «Le respect, c’est une intention d’accepter la différence de l’autre même si elle nous dérange.» Pour l’instant, pas d’autres projets de dialogue philosophique n’est prévu dans les APEMS de Lausanne. «La Fondation SEVE va toutefois essayer de prendre contact avec le Département de l’instruction publique, car nous voyons de manière évidente l’utilité de ces ateliers», relève Xavier Vasseur.

La Fondation SEVE

Cofondée par le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir, la Fondation SEVE vise à développer chez les enfants au travers du dialogue philosophique, un esprit critique, le respect l’autre dans sa différence, la compréhension des émotions pour développer des compétences de mieux vivre-ensemble.