L’intégration des migrants au travail progresse
sont toujours plus nombreuses à travailler dans le canton de Vaud.
Pour beaucoup de jeunes, 2020 a été cauchemardesque (voir article). Pour Mussie, jeune érythréen arrivé en Suisse en 2018, cela a été l’année de tous les débuts, premier job et première location.
Chiffres «réjouissants»
Des cas similaires, l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) en connaît une série. «La participation des personnes avec permis F au marché du travail progresse d’année en année», explique le directeur Erich Dürst. En 2017, 25,7% des migrant·e·s en âge de travailler et au bénéfice d’un permis F exerçaient une activité lucrative. En 2020, ils et elles sont 37% à travailler. Chez les moins de 30 ans, la hausse est encore plus spectaculaire, passant de 26,9% en 2017 à 47,7% en 2020. Des chiffres «réjouissants», affirme l’EVAM, et proches des objectifs fixés par la Confédération. En effet, l’Agenda d’intégration suisse demande aux cantons d’atteindre un objectif d’une personne migrante sur deux durablement intégrée sur le marché du travail, après sept ans de présence sur place.
Un travail de fond
Ces chiffres sont encore plus spectaculaires compte tenu du ralentissement notable de l’activité économique qu’a connu le canton en 2020. Certains secteurs ont été porteurs. «La santé et le domaine du nettoyage sont des domaines dans lesquels nous avons formé des personnes. Aujourd’hui, ce sont des filières qui sont sur le devant de la scène et qui vont le rester. 2020 a évidemment été plus dure pour la restauration», détaille Erich Dürst. Ce dynamisme s’explique aussi par le travail de fond des professionnels de l’EVAM qui, depuis plusieurs années, accompagnent les migrants à plusieurs niveaux. Sur le plan individuel d’abord, « en les aidant à trouver un projet, en identifiant les compétences qu’ils souhaitent développer ». Dans le domaine de la formation ensuite, «qui est la clé pour amener les personnes vers une intégration durable sur le marché du travail et non vers des petits jobs précaires», poursuit Erich Dürst.
Parmi les personnes à avoir bénéficié de cette aide, Laeticia Kisoka, 29 ans, originaire du Congo, arrivée en Suisse en 2017. «Il m’a bien fallu trois mois de formation pour apprendre à maîtriser une machine de nettoyage des sols! Mais à l’automne 2020, quand j’ai déposé mon CV, cette expérience a fait la différence et m’a permis d’être embauchée. Tout comme le fait d’avoir appris à manipuler et à mélanger moi-même certains produits: je peux travailler sans l’intervention d’un·e responsable.» La jeune femme cumule aujourd’hui deux emplois à temps partiel. Sa nouvelle situation financière a changé sa vie. «Je peux désormais offrir des cadeaux quand je suis invitée, ou acheter un billet de train pour aller rendre visite à des amis qui vivent au Valais», explique cette habitante de La Tour-de-Peilz.
Suivre la prise de poste
L’aide de l’EVAM passe aussi par l’orientation sur le marché de l’emploi (rédaction d’un CV, préparation d’un entretien…) et enfin par le suivi des premiers temps dans l’emploi «pour les personnes migrantes et les employeurs, qui se retrouvent parfois avec des interrogations importantes en termes de communication et de différences culturelles».