Catéchisme: «L’enfant est naturellement plus croyant que l’adulte»
«L’important, aujourd’hui, est d’annoncer Jésus-Christ avec des moyens qui répondent aux besoins des jeunes», déclare Nicole Awais, co-organisatrice des prochaines Assises de la catéchèse, qui se tiendront ce samedi 25 septembre à l’Université de Fribourg.
Pour la responsable du secteur formation de l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg (EERF), par ailleurs pédagogue en religion, l’objectif est de plancher sur de nouvelles formes de catéchisme avec ceux qui en ont la charge dans les Églises réformées. Il sera donc question de trouver comment retenir les jeunes jusqu’au bout de leur parcours catéchétique, ainsi que de rendre plus attractif un cursus qui subit dans ses rangs la même désaffection que les paroisses. Pour le seul canton de Vaud, en effet, 1152 catéchumènes terminaient leur formation en 2012, contre seulement 371 en 2019. «Une partie des solutions à ce phénomène est toutefois déjà dans la nature», déclare encore Nicole Awais en gardant espoir. «L’idée, notamment grâce à cette journée, est maintenant de s’inspirer les uns des autres.»
L’enfant théologien
«L’enfant est naturellement plus croyant que l’adulte», constate Jérôme Cottin, intervenant aux Assises et professeur de théologie pratique à l’Université de Strasbourg, en évoquant le concept de «l’enfant théologien», et pour qui il est nécessaire, comme cela se fait maintenant dans plusieurs pays germanophones, d’aller vers les besoins de l’enfant en matière de spiritualité. «L’enfant est un réservoir inépuisable de rêves, d’émotions. Il a un sens de Dieu beaucoup plus grand car il y croit sans a priori. Il nous montre que le grand point faible a été, jusqu’à aujourd’hui, d’organiser une catéchèse trop dirigiste, sans regarder aux besoins du jeune catéchumène.»
Une vision confirmée par Nicole Awais: «Nos réponses, en tant que catéchètes, doivent certes être théologiques. Mais elles doivent être le prolongement de questions que les enfants se posent vraiment. L’enseignement est donc moins structuré qu’avant, mais il y a plus de chances de toucher l’enfant en s’ancrant dans sa réalité.» Une vision qui traverse plusieurs disciplines dispensées dans les ateliers proposés le 25 septembre, en abordant notamment l’Évangile avec de la peinture ou les désormais fameuses «Théopopettes», des marionnettes qui soufflent au jeune public des pistes de réflexion.
La famille, cellule évangélisatrice
Une autre tendance qui se dégage, aujourd’hui, dans les nouvelles réflexions des responsables de formation et de catéchèse, dans les églises romandes, est également celle d’un catéchisme, voire d’un culte, destiné à toute la famille. «Pour rejoindre les nouvelles générations, il nous faut désormais aller à la rencontre de tous les âges. C’est un changement de posture de la catéchèse. Il faut entrer en relation, indépendamment de tout contenu à transmettre», observe Marc Rossier, responsable cantonal du secteur jeunesse de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).
«La notion communautaire est très importante dans la catéchèse, qui est de toute façon un enseignement collectif. La nouvelle catéchèse se doit d’être en action avec les communautés, les paroisses, et ce qui est le centre même de cette communauté, c’est le culte», fait remarquer Jérôme Cottin, qui ajoute encore que désormais, c’est moins la théologie que le «vécu spirituel» qu’il convient de faire vivre aux jeunes et moins jeunes paroissiens, dans un «partage intergénérationnel» selon lui très donneur de foi.
Également invité afin de donner un atelier consacré au projet de l’Église des enfants à Genève (annulé faute d’inscriptions, ndlr.), Etienne Jeanneret, qui en est le responsable, vante les mérites de ces lieux de culte pensés «à hauteur d’enfant» très populaires en Finlande, et dont un exemple existe à Servion, dans le canton de Vaud. «Chaises, meubles, matériel éducatif, tout est adapté aux enfants. Et comme aujourd’hui, les parents sont souvent très attentifs aux contenus que l’on soumet à leur progéniture, un certain regain d’intérêt peut être vécu par les parents pour la théologie.»
Se faire plaisir?
Mais ne risque-t-on pas, par ces méthodes, un certain affaiblissement théologique? «À partir du moment où la base reste les récits bibliques, c’est un monde inépuisable. L’idée est tout de même de faire que le catéchisme érige la Bible en ouvrage de référence», rassure Jérôme Cottin. Mais du côté du canton de Vaud, le pasteur Florian Bille, qui propose des camps pour des jeunes dès 15 ans, est plus radical: «Les adolescents ont malheureusement de moins en moins de background théologique. Les catéchumènes qui connaissent bien leur Bible, c’est un mythe. C’est à la confirmation que le travail doit commencer. Encore faut-il les emmener jusque-là, surtout grâce à des camps ou des soirées jeunesse.»
Le psychologue Yves-Alexandre Thalmann, qui sera présent le 25 septembre, nuance toutefois le recours à la ludicité et à l’écoute unique des besoins de l’enfant: «La tendance, dans tout système éducatif, ces dernières années, a été de se focaliser sur les envies des jeunes. Mais il faut tout de même rappeler que seul l’effort mène au résultat. Se faire plaisir ne doit donc pas être le seul moteur de l’apprentissage, et la seule façon de penser accrocher l’attention.»