Au pied du Niederhorn
On raconte qu’il y a bien longtemps, il y a presque 1900 années, un moine venu d’Irlande et son disciple arrivèrent au pied d’un massif montagneux des Alpes bernoises que l’on nomme aujourd’hui le Nierderhorn. Le but de leur voyage était d’apporter la foi chrétienne aux habitants de cette région. Ce moine se nommait Béat.
Il fut très bien accueilli par les habitants. Il les informa du but de sa visite, leur vanta les bienfaits de la parole du Christ et quelques-uns parmi les villageois l’écoutèrent d’une oreille attentive.
Cependant, Béat, malgré le bon accueil qui lui fut donné, préférait ne pas vivre parmi les villageois. Lui et son disciple n’étant ni artisans ni agriculteurs, ils n’apportaient rien à la communauté hormis leur foi. Béat ne voulait pas vivre de l’aumône des villageois en réclamant le gîte et le couvert.
Au bout de quelques jours, il demanda aux villageois de lui indiquer un lieu retiré et agréable pour s’établir. Il lui fut indiqué qu’au-delà du lac de Thoune s’élevait une montagne dont les versants étaient couverts d’une épaisse forêt. Béat y trouverait tout ce qu’il lui faudrait pour survivre: du gibier à chasser, des baies et des plantes pour se nourrir ou se soigner, des torrents d’eau claire, du bois pour y construire un abri, ainsi que des grottes… Béat et son disciple partirent en direction de cette région si prometteuse. Ils traversèrent le lac de Thoune puis se retrouvèrent rapidement à la lisière de cette magnifique forêt.
À peine furent-ils arrivés que des vociférations monstrueuses se firent entendre, le sol se mit à trembler, des arbres tombèrent, une haute silhouette allée se dressa alors face à Béat.
Une gigantesque créature se tenait devant eux. Son hurlement était étourdissant. C’était un dragon noir aux ailes cuivrées, ses écailles brillaient d’un éclat sinistre tantôt noir, tantôt rouge comme les braises de l’Enfer, ses pattes étaient munies de griffes longues et acérées, sa gueule béante laissait échapper des flammes qui commencèrent à brûler la lisière de la forêt.
Béat se dressa devant le monstre, puis élevant son bâton de pèlerin, il lui ordonna de disparaître au nom de Jésus-Christ. La bête recula, puis revint en direction des deux hommes, prête à les brûler vifs. Béat leva une nouvelle fois son bâton, cria de nouveau le même ordre. La bête hurla sa colère, puis s’envola et fonça droit vers les eaux du lac de Thoune où elle disparut en une gerbe d’écume et d’eaux bouillonnantes.
La bête vaincue, Béat et son disciple construisirent une église, aidés des habitants des environs, heureux de cet acte héroïque du pèlerin qui les avaient débarrassés de ce si grand danger.
Depuis ce jour, on peut visiter au pied du Nierderhorn un monastère creusé dans le rocher, dédié à ce moine irlandais, Béat, devenu saint Béat.
Le savais-tu?
Depuis le début du christianisme, des hommes et des femmes ont fait le choix de mettre la prière et la lecture de la Bible au centre de leur vie. Pour cela, afin d’échapper aux distractions de la vie en société, certains ont choisi de vivre isolés, ce sont les ermites, alors que d’autres par tagent leur vie centrée sur la spiritualité avec une communauté, ce sont les moines ou les moniales.