Parler de ma foi, c’est comme passer de vallée en vallée en prenant parfois le chemin des sommets abrupts, des cols plus faciles ou encore en suivant des arêtes escarpées… Car la montagne n’est jamais très loin de ma vie de foi.

Ayant grandi dans un milieu baigné de protestantisme, du plus radical au plus libéral avec un grand-père darbyste et un autre libéral, croire en Dieu m’a toujours paru une évidence… Mais la rencontre personnelle avec le Vivant s’est faite au gré des étapes de ma vie. Mon enfance et ma jeunesse m’ont permis, grâce à ma famille – parents et grands-parents – et au contact d’une communauté vivante et dynamique, de trouver sur mon chemin des témoins du Christ pour m’ouvrir à une foi plus personnelle.

Lors de camps et de week-ends, au contact d’autres jeunes, à l’écoute de témoignages et par ces discussions interminables qui forment la jeunesse, les questions et les convictions se sont affinées, les doutes ont cherché réponse, les pas sur les sentiers parfois escarpés de la foi se sont affermis, jusqu’à atteindre quelques hauteurs…

Au cours de mes études de théologie, chemin faisant, parfois bousculé au plus profond de mes convictions, marchant dans d’étroites vallées, la rencontre d’un Dieu révélé dans l’humanité du Christ vivant m’a ouvert de nouveaux horizons et m’a emmené sur de nouveaux sommets. Mes stages et la confrontation aux convictions variées de collègues et de paroissiens ont également participé à faire évoluer ma foi sur une grande diversité de terrains… Mon travail, en particulier au contact des enfants, m’a fait percevoir la proximité de ce Dieu qui se révèle dans la simplicité et la complexité…

Ces dernières années, deux moments ont marqué mon parcours. Tout d’abord, des problèmes de santé qui m’ont fait éprouver dans ma chair ce que veut dire «naître de nouveau» et percevoir le sens de ces paroles de Gandhi: «La vie est un mystère qu’il faut vivre et non un problème à résoudre.»

L’autre moment fort a été ce temps sabbatique pris en 2018, qui a mené mes pieds de sommet en sommet, de croix en croix. Là-haut, dans la solitude des montagnes, parfois aux frontières de mes capacités physiques et mentales, j’ai vécu cette rencontre avec un Dieu pétri d’humanité… Je pourrais appeler cela la « foi des petits pas » ! Face à une montagne, je ne vais pas pouvoir l’aplanir, cela reste du domaine du divin, mais avec ce que je suis, avec conviction et foi, je vais pouvoir la surmonter. «Si l’on voit devant soi une haute montagne, on a l’impression qu’on n’arrivera pas à la gravir. Mais si on avance pas à pas, si l’on se fixe des objectifs intermédiaires, on repère l’itinéraire, on parvient en fin de compte au sommet» (Par monts et par vaux, du père Anselm Grün). Pour finir, pas de rencontre tonitruante avec un Dieu sauveur, mais un pas-à-pas dans mon quotidien aux côtés d’un Dieu avec qui je partage bien des expériences de vie, et qui se révèle à moi comme le Vivant. Celui qui connaît ce que j’ai vécu et avec qui je peux tout partager…