Des rites pour répondre au plus grand nombre
Les synodes réformés de Suisse romande, ces parlements ecclésiaux où sont représentés ministres et laïcs des différents services et paroisses d’une Eglise pour prendre les grandes décisions quant à la vie de l’institution, sont souvent amenés à parler des rites et de leur évolution. Et pas seulement à cause des mariages de couples de même sexe!
Ainsi, en 2015, le synode de l’Eglise réformée du canton de Neuchâtel a autorisé, après un long débat, des laïcs à présider des services funèbres sous certaines conditions. La même année, le Consistoire de l’Eglise protestante de Genève recevait plutôt froidement une demande similaire formulée par une prédicatrice laïque. Deux ans plus tard, c’est le Synode de l’Eglise réformée du canton du Valais qui serre les boulons face aux baptêmes sur mesure. «Le baptême se vit en principe lors d’un culte de la communauté et les pasteurs ne pourront plus octroyer de dérogation sans en référer au Conseil de paroisse», résumait l’agence de presse Protestinfo dans son compte-rendu des débats.
En novembre passé, une interpellation au Synode de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) a ouvert, en fin de séance, la discussion autour d’un flyer présentant l’offre de l’EERV pour des services funèbres laïcs.
«A aucun moment, notre espérance particulière, qui est celle de l’Evangile, ou l’ancrage dans notre foi ne sont nommés. L’horizon revendiqué n’est que séculier», a critiqué Dominique Kohli, délégué de l’Etat, en présentant cette interpellation collective. Il est vrai que, lors de la précédente séance, l’assemblée avait modifié le Règlement pour retirer le caractère contraignant de la liste les éléments liturgiques indiqués pour un service funèbre. Mais il s’agissait alors de laisser une marge de manœuvre aux ministres, à convenir au cas par cas lors des échanges avec les familles. Mais en aucun cas, rappelait le délégué au Synode, il n’avait été question d’en faire une formule en tant que telle.
Le Conseil synodal (exécutif) a précisé que cette offre nouvelle ne visait pas à remplacer les cérémonies traditionnelles, mais à offrir une proposition complémentaire. «On est de toute manière au centre de l’Evangile quand on est dans la consolation», a affirmé le conseiller synodal et pasteur Vincent Guyaz. Une perception des choses qui n’a sans doute pas convaincu sa collègue Florence Clerc Aegerter: «Je peux adapter le message de l’Evangile, c’est une évidence, mais je ne suis pas disposée à le brader.»
Si les adaptations de rituels donnent lieu à des débats passionnés, sur le terrain, les ministres doivent souvent faire face à des demandes que nul règlement ecclésiastique n’aurait pu prévoir. Que répondre à ces parents qui présentent pour un baptême deux parrains, dont un musulman? A un souhait de faire intervenir des bols tibétains lors d’un service funèbre? Le plus souvent, les ministres parviennent à trouver une place pour divers éléments qui tiennent à cœur aux familles.
Une pasteure genevoise relate ainsi qu’elle a dû chercher une liturgie de séparation à la dernière minute, la veuve n’ayant osé en faire la demande que la veille au soir du service funèbre. «Elle est venue poser son alliance sur la table de communion, et son fils aîné l’a rendue à sa belle-famille. Il paraît que c’est fréquent en Afrique subsaharienne: c’est pour permettre à la veuve de refaire sa vie», relate la pasteure qui n’avait jamais entendu parler de cette pratique auparavant.