Cette observatrice de la vie publique est convaincue qu’il faut «développer la démocratie suisse pour l’adapter aux nouveaux modes de vie et éviter que le pays se repose sur ses lauriers».

La principale critique qu’elle adresse à notre modèle politique? «Un tiers de la population du pays n’a toujours pas accès aux instruments démocratiques traditionnels. Notre démocratie n’est pas assez inclusive.» Un constat basé sur plusieurs études, également souligné dans l’exposition «La Suisse des idées», au Musée national suisse (Zurich). Pour y remédier, Noémie Roten milite notamment pour l’instauration d’un service citoyen (qui va au-delà du service civil ou du bénévolat) pour toutes les personnes vivant en Suisse, y compris d’origine étrangère. «Chacune et chacun contribue au bien-être de la collectivité et de l’environnement. Un devoir citoyen donc, qui devrait aussi déboucher sur davantage de droits de participation, dont celui de voter.» De plus, «c’est un espace d’expérience, qui crée des liens, renforce la capacité de dialoguer et pose une base de confiance nécessaire pour construire une société».

Son association a lancé une initiative populaire et espère une votation sur le sujet en 2025. L’enjeu principal? La cohésion sociale. «Certes, on observe des élans de solidarité puissants lors de catastrophes. Mais notre culture est toujours plus individualiste. Une étude récente montre que la polarisation affective, à savoir le fait de refuser le dialogue avec une personne qui n’appartient pas au même groupe que le sien, est toujours plus élevée en Suisse, et atteint aujourd’hui le niveau d’un pays comme les Etats-Unis.» Le besoin de construire de nouveaux narratifs communs est crucial, ce à quoi s’attelle également le think tank Pro Futuris.