Quand avez-vous ressenti que c’était le bon moment pour demander votre consécration?

Anne-Laurence Cornaz Gudet (AC): A Genève, il est de coutume d’attendre quelques années de ministère avant de le faire. Lorsque je me suis sentie prête, deux ans après la fn de mon stage, j’étais seule dans cette situation. C’était donc compliqué à organiser. J’ai attendu que d’autres personnes se sentent également prêtes.

Philippe Golaz ( PG ): Je l’ai demandée presque tout de suite, car je trouve étrange l’idée d’avoir des pasteurs non consacrés.

Elda Jaroko Lengozara (EJ): Je trouve bien de prendre le temps de faire sa place dans un lieu. J’ai demandé ma consécration deux ans après mon arrivée, lorsque j’ai senti que j’avais trouvé ma place, que je connaissais ma paroisse, la Région et les fidèles. En deux ans, nous avons déjà vécu beaucoup de choses ensemble: des instants de joie et de peine, des moments de bonheur et d’autres plus difficiles. Pour moi, une consécration se demande par nous et par la communauté

Que signife-t-elle?

AC: C’est la reconnaissance de mon ministère et une visibilité qui lui est donnée. Je trouve important de témoigner de notre travail. Cela me tient également à cœur de dire que j’ai reçu un appel pour servir. Cela pourra peut-être aussi donner des idées à d’autres…

PG: Vivre sa consécration est, pour moi, un moment très important. C’est une étape à la fois dans mon ministère et dans ma vocation. Ce n’est pas uniquement moi, avec ma vocation, qui prétend à quelque chose. C’est toute une communauté, l’Eglise, qui reconnaît ma vocation, qui prend part à mon discernement, qui s’engage avec moi dans mon ministère et me donne cette responsabilité. En étant consacré, je me mets à part pour ce service-là dans l’Eglise et j’assume ce rôle.

EJ: Je la vois vraiment comme une étape, comme l’était déjà mon entrée en stage, puis la proposition de poste dans la Région Arve et Lac. C’est la suite d’un cheminement commun, une reconnaissance de ma vocation et de mon ministère, ainsi qu’un moment de réjouissance. Etre consacrée signife être soutenue par mon Eglise, par les paroisses, par la Région et par les paroissiens

Pourquoi avoir choisi ce ministère?

AC: En tant que ministre, je suis au service des autres, je me rends disponible. Du fait de ma formation en pharmacie et de mon vécu, cela me semblait évident de travailler en aumônerie, avec des malades et des personnes âgées. C’est là que je sentais que je pouvais être utile, que je pouvais aider et faire du bien. La clinique de Joli-Mont s’occupe de la réadaptation des personnes âgées et compte une unité de soins palliatifs. Les aîné∙es me tiennent particulièrement à cœur. Je trouve très important de ne pas les oublier et que chacune et chacun puisse être accompagné•e jusqu’au bout.

PG: Cela n’a pas été un choix: le poste était vacant. Mais j’en suis très heureux! En tant que pasteur en paroisse, je fais un peu de tout. Cela fait d’autant plus sens, pour moi, d’être à Meyrin que j’y trouve notamment toute une dimension œcuménique qui m’est importante. L’œcuménisme a été un élément essentiel dans mon parcours, sans même que j’en aie été conscient. Cela m’a apporté beaucoup de belles choses qui ont nourri ma foi. C’est une grande joie de le vivre ici et de mettre la main à la pâte.

EJ: J’étais déjà contente d’avoir une place à l’issue de mon stage. Un poste était libre à Meyrin et deux dans la Région Arve et Lac. J’ai laissé cela entre les mains de Dieu. J’ai été retenue pour la place disponible à Chêne. J’avais entendu beaucoup de bons échos de la paroisse, avec de nombreuses activités organisées et une belle dynamique pour l’Eveil à la foi, l’enfance et la jeunesse.

De quoi votre engagement est-il porteur? Que souhaitez-vous apporter aux autres?

AC: Une présence avant tout. Je veux me rendre présente pour des personnes arrêtées, qui souffrent ou, pour certaines, en fn de vie. Je souhaite leur rendre la vie plus confortable, qu’elles vivent le mieux possible leur fin de vie. C’est cela qui donne de l’importance à une personne. Ces présences, c’est quelque chose que j’ai ressenti quand j’ai été dans la douleur et la souffrance après la perte de ma flle aînée à la naissance. Elles m’ont accompagnée et beaucoup aidée. Nous sommes également là pour apaiser les souffrances des familles, notamment des proches aidants, dans ces moments difciles.

PG: J’ai à cœur de les accompagner dans leur maturation spirituelle, de les aider à devenir de plus en plus de «grandes personnes» spirituelles dans leur relation à Dieu. C’est peut-être lorsque l’on fait du catéchisme que c’est le plus concret et le plus évident. La maturation est la plus rapide, surtout avec les adolescents qui sont en demande. Il suffit d’arroser un peu pour que cela pousse, c’est stimulant. J’ai aussi proposé récemment un parcours de deux mois, destiné à des adultes, pour explorer la Bible, parce qu’il n’y a pas que les enfants et les jeunes qui ont besoin de grandir spirituellement. C’est fabuleux de voir ces personnes, en demande, naître à quelque chose, grandir et évoluer. On leur donne les outils pour lire la Bible.

EJ: Mon engagement est porteur de confance, de la fidélité de Dieu et de la surprise dans le cheminement de la foi.

Comment envisagez-vous la suite de votre parcours au sein de l’EPG? Où vous verriez-vous dans dix ans?

AC: J’ai encore beaucoup à donner au sein des aumôneries. Nous collaborons toujours plus avec les soignants et les équipes médicales. J’aimerais me former encore plus aux soins palliatifs. Je m’intéresse également à trouver des moyens pour mieux communiquer avec les personnes qui ont perdu la possibilité de s’exprimer. C’est un vrai déf d’entrer en contact avec elles. En testant différentes choses, j’ai notamment découvert que le chant peut les apaiser.

PG: Je ne sais pas où je serai dans une décennie. Il y a dix ans, je n’avais que 21 ans et je venais de commencer mes études… Je ne me serais pas imaginé ici aujourd’hui, d’autant plus que je ne savais même pas que Meyrin existait!

EJ: Je souhaite étendre encore l’Eveil à la foi dans ma Région. Ce n’est que du bonheur! J’aimerais inciter d’autres personnes à s’investir pour disposer d’un soutien à ce niveau-là. J’aimerais aussi développer la frange des 25-35 ans. Cela m’intéresse énormément de réfléchir à ce cap-là, aux jeunes adultes qui entrent dans la vie professionnelle, sans attendre qu’ils soient mariés avec des enfants. Peu de choses leur sont proposées en paroisse. J’aimerais tenter des choses au niveau local.
Je m’intéresse aussi beaucoup au travail effectué à l’aumônerie de l’hôpital. C’est un lieu qui m’interpelle. J’avais choisi d’y effectuer un stage lors de mes études en théologie et j’avais demandé, sans succès, d’y réaliser une partie de mon stage de pasteure. C’est une paroisse d’urgence où il s’agit d’être là à l’instant T.