Réformer toujours?
Elle se résume dans la formule latine Ecclesia semper reformanda («l’Eglise doit toujours se réformer»), souvent attribuée à Calvin. Or l’expression ne colle pas à la pensée du réformateur de Genève, souligne Pierre-Olivier Léchot, professeur d’histoire à la Faculté de théologie protestante de Paris: «Calvin pense qu’en se basant sur la Bible et les Pères on peut établir une société réformée une bonne fois pour toutes. Il n’a pas l’idée d’un processus en constante évolution.»
Revivifer la foi
En réalité, l’adage trouve sa source un siècle plus tard aux Pays-Bas, notamment dans les écrits du pasteur Jodocus van Lodenstein (1620-1677). Pour cet auteur, l’Eglise réformée doit continuellement se réexaminer afin de maintenir la pureté de sa pratique: «C’est un moment où l’on a besoin de renouveler la vie ecclésiale sur le plan de la piété et des mœurs», contextualise l’historien de Paris. L’expression concerne donc la vie des personnes croyantes, pas tant l’institution en tant que telle.
Une certitude que partage le pasteur valaisan Didier Halter, auteur du récent livre L’Eglise comme projet. Pour lui, le principe Ecclesia semper reformanda n’autorise pas une «instabilité institutionnelle érigée en système de gouvernance», car «on ne construit rien de solide si l’on s’arrache à ses racines». A la Réforme, rappelle le théologien, l’Eglise a été réformée par la Parole de Dieu: «C’est donc en évoluant toujours à nouveau vers ce qui la porte que l’Eglise traduira la vitalité de l’Evangile.»