Commencés il y a une année, les repas de l’amitié de la paroisse de La Chaux-de-Fonds sont rapidement devenus un rendez-vous établi pour une trentaine de personnes d’horizons divers. «Nous sommes ouverts à toutes et à tous! Quelques paroissiens participent régulièrement aux repas, mais la majorité des gens sont extérieurs à l’Eglise. Nous avons des rentiers AI, des retraités et des personnes du quartier qui viennent pour un moment de partage avec un repas à moindre coût», explique le diacre stagiaire Gaël Letare.

En cuisine, c’est Jacqueline qui mène la danse. Cuisinière attitrée depuis les débuts, elle assure environ trois repas sur quatre par mois. L’idée reste toutefois que d’autres puissent reprendre ponctuellement le flambeau. Engagée au restaurant social Ekir et dans ATD Quart Monde, cette femme de caractère, dont la vie ne fut pas un long fleuve tranquille, connaît toute l’importance de ces espaces de relations sans jugement.

Aujourd’hui, c’est cuisse de poulet, Ebly aux légumes, avec soupe aux brocolis en entrée, et salade de fruits en dessert, un repas classique pour lequel une dizaine de personnes s’attellent en «cuisine et en salle». Yves s’occupe d’apprêter les légumes. Cette activité structure la semaine de ce rentier AI: un rendez-vous fixe qu’il apprécie particulièrement pour sa convivialité. Voilà qu’arrive Marcel, un paroissien engagé. Lui et sa femme se relaient à tous les repas de l’amitié. En effet, mercredi, c’est garde du petit-neveu en parallèle, mais qu’à cela ne tienne, on s’arrange. Homme à tout faire, il dispose des clés de toute la maison et s’occupe des petites choses qui doivent être faites.

En cette belle journée de printemps, on installe les tables à l’extérieur. C’est Denis qui met la main à la pâte. Se sentir utile, telle est la principale motivation de ce jeune homme qui s’occupe également d’aménagements au jardin. Bien qu’un peu réticent à fréquenter une activité d’Eglise au départ, il a rapidement changé d’avis.

Celles et ceux qui le souhaitent sont invités à un moment de méditation avant le repas. Une vingtaine de minutes dans l’espace chapelle, situé sous les toits du centre paroissial, où l’on peut déposer et partager ce qui pèse dans un cadre de confiance. Il est midi, les convives prennent place autour des tables, les conversations s’amorcent, les gens se mélangent. Avant de prendre la fourchette, quelques volontaires sont demandés pour la partie la plus ingrate : la vaisselle. Des mains se lèvent rapidement et l’on passe au service.

«L’idée est que les personnes présentes s’engagent et ne soient pas seulement consommateurs», précise Gaël Letare. Toutefois, le principal pour lui reste les moments d’échange autour de l’assiette. Mais, sans Marthe qui s’attelle en cuisine, pas de moment privilégié pour Marie. «L’essentiel est de créer une atmosphère propice à se raconter et à s’ouvrir aux autres. A chaque repas, nous avons plusieurs histoires de vie qui émergent, ce qui fait un bien fou aux personnes qui les confient, mais aussi à celles qui les écoutent», ajoute le diacre stagiaire. Après le café, un temps de discussion et de partage ou de jeux est habituellement prévu. Ce jour-là, une répétition musicale en vue d’un culte de la solidarité était au programme.