Les bancs des possibles

Les bancs des possibles / ©iStock/pmiguel2
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Les bancs des possibles
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Les bancs des possibles

Edito
Malgré les ampoules, les crampes, le sac qui laboure les épaules, les montées qui n’en finissent plus et le soleil qui écrase, pèleriner, c’est paradoxalement ouvrir dans son existence un immense espace de liberté.

Camille Andres

La marche est en effet vécue aujourd’hui comme un îlot de déconnexion digitale, de reconnexion sociale, de création artistique, de recherche religieuse, et de rencontre ou de travail spirituel.

«Cela vaut la peine d’aller voir ce que vous pourriez être», écrivait déjà le philosophe (et petit-fils de pasteur) Henry David Thoreau, en évoquant ses longues échappées solitaires dans la nature (De la marche, 1862).

Rien n’est écrit. Quand on marche, c’est l’humeur du jour, les itinéraires et les détours, la météo, les rencontres, les lectures qui façonnent le champ des possibles. Ainsi que les haltes sur le passage.

Parmi ces haltes, à travers l’Europe et la Suisse romande, il y a les bancs des églises, des temples, des abbatiales et autres sanctuaires. On n’y vient pas toujours pour prier, parfois juste pour se reposer. Pour écouter. Mais encore faut-il le pouvoir! Entre les portes fermées (certaines églises le sont à la suite de vols) et les entrées payantes ou les horaires limités, cet accueil n’est plus, partout, inconditionnel. L’essor du tourisme pédestre et de pèlerinages, religieux ou non, mais aussi des vols et de dégradations, questionne la fonction des églises aujourd’hui. Accueillir, mais qui, comment et à quel prix? Accompagner les pèlerins, mais avec quels partenaires? Une équation à résoudre pour les communautés et les municipalités. Si les impératifs pratiques ou financiers peuvent parfois primer, il est aussi payant d’«aller voir ce qui pourrait être», en ouvrant grand ses portes, tout simplement.