Car, puisque la Bible y représente l’autorité suprême en matière de foi, «il s’agit d’en réinterpréter les mots dimanche après dimanche afin que ces textes deviennent une parole vive pour la communauté rassemblée», explique Félix Moser, professeur émérite de théologie pratique à Neuchâtel.

Mais la tradition a connu quelques dérives: la prédication a pu jouer un rôle si massif que les fidèles ont longtemps eu tendance à réduire le culte à ce seul élément. Au point qu’on disait jadis «aller au sermon» quand on se rendait au culte… Or la prédication n’est pas le tout du rassemblement dominical, précise le théologien, «elle s’insère en réalité dans l’ensemble d’un moment ritualisé et elle ouvre à la prière pour les autres».

Prêcher, en tant que ministre, ce n’est donc pas tenir une longue conférence, ni présenter un exposé dogmatique savant! Il s’agit plutôt «de faire résonner le monde du texte pour qu’il prenne sens pour les personnes présentes, mais aussi dans le monde où elles vivent», détaille Félix Moser. La parole prêchée doit ainsi produire un effet: à la fin du culte, on ne reste pas assis sur son banc, mais on est poussé à s’engager.

Il n’en reste pas moins que l’exercice d’écoute peut sembler bien rébarbatif pour l’auditoire, à l’heure où la communication médiatique se réduit à des formats toujours plus courts… Une vraie gageure pour qui prêche! Mais aussi un défi pour les fidèles: celui de discerner patiemment l’écho du Tout-Autre dans les paroles entendues, pour qu’il se répercute parmi tous les autres, comme par ricochet.