Gérer le décalage avec les valeurs de son entreprise
Au tournant des années 2020, Aline Muller Guidetti, psychologue lausannoise, a vu affluer dans son cabinet des personnes vivant de véritables «effondrements intérieurs» face à leur prise de conscience de l’urgence écologique. «On comprend qu’on ne peut pas continuer ainsi, que le paradigme actuel sur lequel est construite notre société nous mène dans le mur. Sur le plan émotionnel et cognitif, cette prise de conscience produit une véritable bascule», observe la psychologue. Elle en discute avec un réseau de collègues, spécialisés dans les questions de psychologie au travail et d’orientation professionnelle. Un constat apparaît : ce questionnement écologique conduit souvent les patients à une «crise existentielle et identitaire profonde».
«De profondes questions émergent: finitude, sens de la vie, qualité du futur des enfants… On s’est construit une vie de famille, des activités de loisir, un emploi : tout d’un coup, ils ne font plus sens.»
Solitude
Souvent, constatent les professionnels, les personnes concernées sont aussi très seules, car la famille ou les collègues ne partagent pas ces questionnements. Le réseau et le programme «Slow ta carrière» veulent accompagner ces interrogations. Ils proposent des formations, des conférences, des ateliers-découvertes. Et même un parcours de vingt et une heures d’ateliers collectifs et individuels, entrecoupés d’exercices.
Mais jusqu’où faut-il encadrer une remise en question? Parfois, elle concerne des jeunes qui n’ont pas encore commencé leur vie active! Et changer de vie ne se fait pas simplement: «Tout dépend des personnes. Certaines ont un sentiment d’urgence et veulent tout changer d’un coup. Il faut prendre conscience qu’une transition de vie complète, c’est une rupture totale. Et les questions financières sont souvent un frein majeur.» Or, même sans quitter son emploi, des pistes existent pour retrouver le sens au travail.
Prendre en compte le collectif
«Les échanges en groupe permettent d’utiliser les idées des autres pour développer des pistes et des idées disruptives», confirme Aline Muller Guidetti. Surtout, «Slow ta carrière» souhaite amener une «troisième donne» dans la conversation: «On veut que les gens trouvent du sens et des buts qui correspondent à leurs besoins, mais qui fassent aussi sens sur le plan collectif.» Pas de solutions clés en main, mais une méthode pour trouver une zone de confort équilibrant vision du monde, valeurs et faits scientifiques.
«Quel monde on construit?»
Une réflexion collective et des questionnements en droite ligne avec la nouvelle «Petite Ecole de vie au travail» mise en place par Crêt-Bérard. Sur cinq jours, entre octobre et février, cette formation permet de réfléchir au sens de son travail, à «quel monde on construit quand on travaille», explique Alain Monnard, directeur du lieu. Les personnes visées ne sont pas forcément en crise, mais elles veulent retrouver cohérence et alignement à leurs valeurs. La démarche rassemble une dizaine d’intervenants (psychologues, coaches, économistes…). Avec des références à l’Evangile et aux sciences humaines, la Petite Ecole assume son enracinement chrétien, mais s’adresse à un large public.
Plus d'infos
Slow ta carrière! Le projet d'orientation professionnelle qui ose questionner le rapport au travail dans les limites planétaires: www.le-bon-sens.ch/slowtacarriere
Crêt-Bérard, Petite école de vie au travail